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jeudi 10 octobre 2019



Le colonel

Le colonel à la retraite De Beaulieu, avec une particule je vous prie, avait de tous temps mené son monde à la baguette. Affecté auprès du grand général qui vous savez durant la guerre 39-45 à un secrétariat d’intendance. Avec lui il ne fallait pas se tromper sur la quantité de boîtes de pâtés, la qualité des couvertures, ni sur la disparition de quelques bougies. En activité, ses fureurs et ses remontrances ainsi que toutes ses punitions étaient craintes par les bidasses.
Aujourd’hui, il parlait fort malgré ses quatre-vingts ans et dans le minuscule appartement qu’il occupait à Paris dans le septième arrondissement sur son fauteuil roulant il se déplaçait tel un char d’assaut sur le front d’une bataille.
La colonelle, soumise et tremblante, n’osait plus l’affronter même dans de simples échanges quotidiens. La petite bonne bretonne recevait régulièrement des coups de baguettes sur les fesses quand par malheur elle avait oublié d’essuyer les vilains objets, souvenirs de campagne confisqués dans les pays du monde où il avait par sa présence, terrorisé et l’ennemi, et les troupes.
Le colonel De Beaulieu se sentait cloué comme un papillon sur un bouchon de liège décuplant ses colères et sa hargne. Mais le soir, enfermé dans une minuscule chambrette emplie de photographies anciennes, ses multiples décorations au mur, son képi et son uniforme sur un cintre, là, dans la minuscule chambrette, seul, le colonel De Beaulieu pleurait comme un enfant.
Son corps était sa caserne, impossible de faire le mur.

M.T

Dessin de Thomas Bossard

2 commentaires:

michel.turquin31@orange.fr