Le
garçon de café

Il tournoyait comme un habile toréador quand un client derrière lui commandait une bière ou un apéro.
Les réflexions aigres-douces sur sa démarche ou bien la cambrure de ses reins le laissait indifférent et même le faisait rire. Parfois, avec une voix curieusement aiguë, il répondait aux plaisanteries plutôt douteuses par des mots bien acidulés comme dans la chanson d’Aznavour, qui laissaient pantois l’ironiste. L’assemblée, alors, riait grassement.
Daniel,
depuis deux mois, dit Dany, avait fini par être l’attraction du
café du village.
Le
patron ne s’en plaignait du reste pas car les rudes hommes des
fermes environnantes consommaient un tout petit peu plus que
d’habitude depuis que le dit Dany exerçait.
Mais
ce que ne savaient pas, ni le patron ni les braves ruraux, c’est
que Dany, une fois chez lui, ôtait habit noir et chemise blanche
pour dérouler les bandelettes qui enserraient de magnifiques seins.
Il, enfin plutôt elle, prenait une douche, et massait
consciencieusement de crème son somptueux corps de femme.
Dany,
dit Daniel, était Danièle, une ravissante créature que le mari
avait abandonnée et qui avait besoin de travailler pour élever son
gamin de deux ans en pension chez les grands-parents.
Dessin de Pierre Pivet
un jugement hâtif sur "le" serveur Dany...les apparences peuvent être trompeuses
RépondreSupprimerMerci Josette de ton passage.... oui,au-delà des apparences, souvent, nous avons des surprises.
SupprimerBonne semaine.