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jeudi 17 octobre 2019


La voix de Lilly

Ce matin je me décide à faire un peu de ménage: poussière des étagères, aspirateur, décapage des éléments de la cuisine, rangement de la penderie, triage dans les différents tiroirs du grand meuble du salon.
En ouvrant l'un d'entre-eux, sous mes yeux, parmi un tas d'objets hétéroclites, une cassette sur la quelle est écrit:"Lilly".
Mon émotion est grande car j'avais oublié son existence.
Pour un travail personnel, il y a presque trente ans, j'avais interviewé des proches parmi lesquels il y avait une jeune femme, Lilly, une amie.
Les thèmes que nous devions développer étaient la solitude, le malheur et le danger.
Ces sujets ont, terrible hasard, par la suite égrené sa vie. Dans la trentaine, Lilly avait été emportée par ce terrible fléaux qu'est le cancer, crabe maléfique, laissant un mari et une fillette dans le désarroi.
De nombreux souvenirs remontent, une petite larme coule.
Cet enregistrement, je suis impatient de le réécouter, et, par la musique de sa voix, elle me permettra de me faire revivre ces moments précieux où nous abordions tellement d'histoires, de cas, d’événements, parfois dans des échanges vifs, mais qui finissaient par de grands rires et une bonne tasse de chocolat.
N'ayant plus de matériels pour ce genre de cassette, je commence à désespérer.
Après quelques minutes de réflexions, je me souviens que dans ma petite Ford KA des années 2010 il y a un lecteur de cassettes, lecteur dont je ne me suis jamais servi.
Je descend, me dirige vers le parking, ouvre la portière, m'installe confortablement.
Dix heures trente, j’introduis la cassette dans la femelle fente bénie, elle est avalée, j'enfonce la touche "démarrage".
Sifflement, un curieux clac clac clac, un froissement, la perverse fente vomie le ruban qui se tortille tel un asticot au bout d'un hameçon et se casse en plusieurs endroits.
Je suis effondré, peiné, à moins d'un miracle, je n'entendrai plus jamais la voix de Lilly.
Le précieux souvenir, sous mes yeux, vient de mourir entraînant avec elle, pour toujours, un morceau de vie qui dormait dans le fouillis d'un tiroir.
Je remontais à mon appartement en me disant qu'il ne me restera plus, espérons le, que mes rêves pour ressusciter cette amoureuse amitié.

M.T

2 commentaires:

  1. Les objets ont une âme... la cassette a voulu que le souvenir soit plus beau que la réalité

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michel.turquin31@orange.fr