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mercredi 5 juin 2019


Le canari

Il y en a de minuscules avec le poil long, il y en a de très gros avec le poil ras, certains ont la canine agressive, d’autres la queue qui frétille comme un métronome, ça saute, ça tire, ça bave, ça grogne au milieu d’une foule de ménagères attentives, jeunes, moins jeunes, énervées, gâteuses, infantiles. Des gémissements, des langues qui pendent, non, ce ne sont pas celles des propriétaires dont je parle. Des aboiements de toutes sortes emplissent la pièce: des graves, des aigus, des plaintifs, des bizarres comme venus d’autres lointaines galaxies.
Vous l’avez deviné, nous sommes dans la salle d’attente d’un vétérinaire tout frais émoulu, installé depuis peu, assez mignon d'après les ragots, et qui commence à être la coqueluche des mémères du quartier.
J’oubliais, il y a aussi quelques miaulements bizarres car la gente féline a droit également aux bons soins de ce spécialiste. La nouvelle arche de Noé du quartier est en pleine effervescence.
Soudain, silence, entre une fillette, jupe écossaise, nattes, socquettes blanches. Elle tient dans ses petits bras une jolie cage dorée avec à l’intérieur un maigrelet canari jaune. Le canari depuis plusieurs jours ne se nourrissait plus, mais, surtout, ne chantait plus ce qui lamentait la fillette, bouleversant l'équilibre d'une famille entière. Décision fut prise d’amener la boule jaune chez le sauveur, ce que fit, seule, très fière, la petite après sa leçon de piano.
Quelques frémissements sur les échines, des retroussements de babines, quelques truffes et museaux en alertes, des griffes sortent des pattes de velours. Mais la fillette, insouciante du danger, parle à son canari, passe un doigt à travers les barreaux pour l’amuser, lui parle comme à un adulte, sans se rendre compte qu’elle entrouvre la cage.
Ce qui devait arriver arriva, l’oiseau s’envole semant dans l’étroite pièce un terrible affrontement. Les chiens, les chats, les poissons rouges, non, pas les poissons, les cochons d’Inde essayent d’attraper le malheureux volatile jaune pour en faire un en-cas.
Les braves maîtresses n’ont plus la situation en main, le fragile vétérinaire alerté par le vacarme passe la tête et s’évanouit devant le capharnaüm. Et puis c'est le drame, un énorme doberman ouvre la gueule, attend comme un soldat sur un champ de bataille. Notre canari prenant la grosse langue rose pour un perchoir vient y atterrir. Les puissantes mâchoires se referment, les crocs entrent en action. Une envolée de plumes, les hurlements de la fillette, le jeune vétérinaire la tête entre les énormes seins laiteux d’une jolie bimbo protectrice étouffe, bref, Waterloo.
Ne vous lamentez-pas, ceci n’est qu’une banale histoire.


2 commentaires:

  1. une belle fable que celle là, moralité ne pas se laisser tenter par une proposition alléchante sans envisager ces conséquences !

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michel.turquin31@orange.fr