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La rencontre... Désespoirs...

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samedi 17 novembre 2012



Néfertiti mon fol amour

Vous ne pourrez pas me comprendre. Sûrement vous me prendrez pour un monstre. Je ne souhaite aucune mansuétude. Mais… voyez-vous, je l’aime encore plus. Une recherche d’amour absolu, d’une image vivante qui se grave dans les profondeurs du cerveau, un acte de foi. Terminé, contaminé, en souffrance d’un visage, d’une icône.

Je l’avais rencontrée un après-midi devant une salle de cinéma. Le film ?  « La double vie de Véronique », avec une superbe actrice dont j’étais amoureux, non, plutôt fan : Irène Jacob. Je sens une présence à mon côté. Le même pâle visage. Les mêmes grands yeux profonds. Un sourire. Quelques mots. Mon cœur bat. C’est Séverine. Nous assistons ensemble à la séance. Autres rencontres. Des baisers. J’aimais caresser son timide front perlé de sueur. Elle me disait que j’avais les mains douces. Promenades. Cadeaux. Projets. Euphorie. Je ne savais pas qu’un scorpion empoisonnerait mon esprit, celui de l’insatisfaction. Un fantôme venu de je ne sais où ? Du temps passé. Du temps des pyramides, d’une vie antérieure.

Le déclic. Un banal mal de gorge me voici chez mon médecin. Comme habituellement, nous parlons musique, peinture, faits divers. Il parle mais je ne l’écoute plus. Mon regard est attiré par une nouvelle statuette trônant sur son bureau. Un buste. Celui d’une femme  que je reconnais, c’est celui de la reine Égyptienne Néfertiti. Magnifique. Mon regard se trouble, j’ai l’impression de la voir bouger, me parler. Une grâce, avec ce curieux détail, celui de son œil gauche manquant. Le visage de Séverine se superpose avec celui de la statuette. J’entends vaguement mon médecin me parler. Brouillard. Je tombe. 
C’est le noir. Je me réveille dans une chambre blanche. Une odeur d’éther. À mon côté, une forme indistincte. Des murmures. Je ne comprends rien. J’ai mal à la tête. Petit à petit le brouillard se dissipe.

On me dit qu’en tombant chez le médecin j’ai heurté le bord du bureau. Le choc a fait glisser la statuette qui, en tombant, m’a troué le cuir chevelu. Dans le miroir tendu par une infirmière, je me regarde. J’ai l’impression d’être une momie. Cela tombe bien,  c’est un sort jeté par Néfertiti.

Quelques jours après je retrouve l’air de la rue  avec de terribles nausées. Que se passe-t-il ? Impossible de dévisager Séverine sans qu’aussitôt se superpose le beau visage de cette reine au curieux regard. Amoureux, je suis amoureux fou de cette apparition, de ce visage défiguré mais qui provoque dans les tréfonds de mon corps une excitation nerveuse. 
Et puis… impossible d’avoir une attitude normale quand je fais l’amour avec ma douce amie Séverine. Dès que son visage se trouve près du mien, aussitôt un rideau descend. Néfertiti me parle. Elle prononce des mots incompréhensibles, qui, par leurs douceurs, me semblent être des mots d’amour. Je crois entendre un nom : Akhénaton… Akhénaton… Akhénaton. Pauvre de moi, je suis trempé, je tremble. Séverine apparaît, me secoue. Je m’évanouis.

Séverine ne peut plus me supporter. Pourtant, je l’aime, il me faut sortir de cette usante situation pour la garder.
Parfois, dans la rue, les gens que je rencontre ont tous une orbite vide. Sur les murs sont gravés des hiéroglyphes. J’entends une langue bizarre. Souvent, le soir, après le travail, une force invisible pousse irrémédiablement mes pas vers l’Obélisque de la place de la Concorde. Je reste des heures face à cette gigantesque flamme de pierre. Séverine menace de me quitter. 
J’ai froid. Depuis une heure, près de son travail, je suis en embuscade. Serais-je jaloux ? Non.

Il fait nuit, elle sort en riant avec ses collègues. Je la suis à distance dans le métro. À une correspondance, elle se trouve seule. Le rideau tombe, le brouillard dans ma tête. Un faucon tourne au-dessus de moi. Une voix grésille. Je me précipite, la frappe par derrière. Une fois au sol, comme envoûté, je glisse un doigt dans son œil gauche et le lui arrache. Séverine en sang hurle, se débat. Des personnes accourent. Je fuis, elle ne m’a pas reconnu.

À l’hôpital, pas de flic devant sa chambre. J’embrasse Séverine sur son bandage.
Je me sens mal à l’aise. Ma mémoire ? J’ai une absence  des évènements passés.  Je me trouve léger. Quelques jours passent. Le visage de Néfertiti n’est plus une obsession. Sortie de l’hôpital, Séverine est partie à la campagne chez ses parents. À son retour  nous nous retrouvons dans un café. Quelle beauté ! Pour moi, seul, j’ai ma reine.
Après tout, nous sommes pareils, vous, moi et tous vos collègues. Regardez comment vous adorez cet homme, votre Jésus ? Avec des clous dans les membres, du sang partout, des épines sur la tête, une plaie sur le côté.
Voilà mon père, je vous ai tout dit.

Fin


MT

1 commentaire:

  1. Mitch!
    Écrivain fou que tu fais!
    La prochaine fois ton personnage va-t-il confesser qu'il a été jusqu’à tuer pour se nourrir de l’être aimé, car "dévorer des yeux" ne lui suffisait plus?
    Mais pour le coup du Christ, alors là, entièrement d'accord avec toi. En vénérant cette représentation du Christ, on vénère la souffrance, la cruauté, la bêtise humaine.
    Brrrr, j'ai froid dans le dos...
    Bonne journée?
    Myrtille

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michel.turquin31@orange.fr