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mercredi 4 avril 2012

Zoé



Zoé, une ravissante jeune femme,  n’avait  qu’une obsession, celle d’être reconnue comme une artiste photographe accomplie. 
Du matin au soir, nez en l’air, parcourant ruelles, cours, villages, usines,  elle fouinait  à la recherche du sensationnel cliché.
Elle venait juste de se  marier avec un garçon de bonne famille qui visait à se faire une place dans la haute finance. Elle avait quitté son  d’emploi de secrétaire, pour le suivre. 
Oisive, elle avait du temps à consacrer à son hobby.
Hélas ! Pauvre Zoé, ses clichés étaient sans aucune originalité. Malgré l’intérêt de ses cibles, il n’y avait pas le moindre détail qui retenait l’attention : lumière, angles de vues,  sujets d’une pâle banalité.
Dans les deux blogs qu’elle avait ouverts, ses abonnés ne lui mettaient jamais  d’éloquents commentaires. Quelques appréciations polies de réels ou virtuels amis, juste assez pour ne pas la décourager 
Elle participait à de nombreux concours : de la moindre feuille de chou rurale, des journaux de provinces,  jusqu’aux plus prestigieuses revues.
Sans métier, sans soucis majeurs, sans succès, Zoé dépérissait comme une jolie fleur qui s’étiole faute de nutrition.
Un matin, après le départ de son mari, envoyé à l’étranger pour une semaine, elle eut  la curieuse idée de faire semblant de mettre fin à ses jours afin que tous ses amis, que toute la société sache, qu’elle, Zoé Quinture, n’avait jamais été comprise. 
Dans la cave de la superbe villa, elle bidouilla un relais entre son appareil photo dernier cri et son ordinateur portable. Elle mit en place le retardateur. 
Entre les nombreux supports métalliques à bonnes bouteilles,  elle s’allongea sur de vieux sacs à patates.
Elle versa de la sauce tomate sur ses poignets, prit la pose avec le long rasoir coupe chou de son mari. 
 Elle savourait à l’avance le bon tour qu’elle préparait. Elle imaginait la tête de ses abonnés, mais surtout l’étonnement de sa résurrection une fois l’affolement général terminé.
Au moment où elle allait mettre son projet à exécution, on entendit un bruit infernal. Un orage violent se déclencha au-dessus de la ville. Par le soupirail, un éclair traversa la cave et vint frapper l’ensemble appareil photo, ordinateur, casiers à bouteilles.
Un tourbillon d’étincelles crépita. Une décharge électrique secoua le corps de Zoé, d’un mouvement incontrôlable, la lame entailla profondément le délicat poignet.
Elle s’évanouit, tomba dans le coma.
Le sang coula, la mort la salua...
Un déclic, la cruelle photo se trouva en un centième de seconde sur tous les blogs et adresses que Zoé avait dans ses contacts.
Dans le quart d’heure qui suivit, la photo se trouva dans le circuit de nombreux réseaux sociaux puis, étonnamment, fit le tour de toutes les rédactions des médias.
Télévisions, journaux, Internet, retransmirent le fabuleux cliché. Un journal people à sensation  le fit paraître. 
On y voyait dans une cave emplie de tonneaux et de casiers à bouteilles de vin, une jeune femme dans une jolie robe mauve à dentelles. À moitié nue dans la pose d’une personne qui a mis fin à ses jours, elle était recroquevillée dans un coin entre de vieux chiffons.
Le visage était reposé, d’une blancheur qui contrastait avec le reste des dégradés mauve, gris et noirs. Son bras droit retombait nonchalamment.
À la hauteur des veines du poignet, on distinguait une profonde  entaille et un long filet rouge.
L’autre bras était replié sur la poitrine laissant deviner l’instrument qui avait servi à la macabre mise en scène.
Post-mortem,  Zoé était reconnue comme artiste. 
Reniflant la juteuse affaire, des journalistes, des voraces paparazzi  exploitèrent le cliché. Ils recherchèrent la créatrice si inspirée.
Après quelques jours d’investigations, Zoé fut enfin trouvée.
Elle reposait dans la morgue d’un hôpital de Bordeaux.

1 commentaire:

michel.turquin31@orange.fr