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mercredi 29 février 2012

Si tu veux la fille, regarde la mère…


 Mes ami(e)s... ne vous attendez pas à du Shakespeare, c'est juste un divertissement 

Michel Turquin

***
 Si tu veux la fille, regarde la mère…

***
Personnages
Pierre, architecte
Isabelle, la nouvelle petite amie  de Pierre
Henri, l’ami de Pierre, représentant en bandes dessinées
Nathalie, hôtesse d’accueil, la nouvelle fiancée d’Henri
Jacqueline, dite Jackie, la mère d’Isabelle
Rosemonde, la mère de Nathalie, ex-mannequin
***
1ère Scène

Situation : un café.
Pierre, attablé, attend. Arrive Henri.

Pierre : Henri ?
Henri : Pierre ?
Les deux amis s’embrassent, se tapent dans le  dos.
Pierre : Content de te voir, tu te cachais ou quoi ?
Henri : Je ne me cachais pas, je ne suis pas comme toi planqué dans un bureau d’architecte…
Pierre : Oh ! Ça va.
Henri :… Ces derniers temps, je prospectais en province pour  la sortie de notre dernier album.
Pierre : Quelle vie ! Tiens, j’ai une  nouvelle à t’annoncer.
Henri : Hé hé ! Mais dis donc, tu me sembles bien rayonnant, toi ? Y a-t-il sous roche une nouvelle conquête ?
Pierre : Un peu… j’ai rencontré par hasard, chez des amis, il y a quelques semaines, une fille...
Henri : Cela m’aurait surpris que cela soit un mec… la fille ? Jolie ?
Pierre : Pour qui me prends-tu ?
Henri : Suis-je bête... Si hasard il y a, cela ne sera sûrement pas le flash sur un boudin  au Q.I. approchant celui de la limace.  Elle squatte ton appart’, je suppose?
Pierre : Non pas tout le temps… parfois, elle ne reste que quelques jours.
Henri : Fini l’heureux célibat mon vieux.
Pierre : Tu sais, la position de célibataire commençait franchement à me peser.
Henri : Tu exagères... Être célibataire a souvent arrangé tes petites affaires, hein !
Pierre : Possible, mais là, franchement, c’est différent, je crois bien être mordu.
Henri : Mordu ? Mon pauvre, on dirait un collégien en approche de son premier rencard… C’est tout ?
Pierre : Comment c’est tout !
Henri : Ce que tu me racontes est d’un banal… D’ailleurs que sais-tu d’elle, mis à part le fait qu’elle soit jolie, qu’elle te plaise et que tu sois mordu ? 
Pierre : Ce n’est déjà pas si mal, tout de même.
Henri : La donzelle ? Pas mineure ?
Pierre : Tu plaisantes j’espère.
Henri : De nos jours il faut s’attendre à tout. Que fait dans la vie cette beauté vivante ?
Pierre : Elle tient une boutique de prêt-à-porter féminin.
Henri : À son compte ?
Pierre : Oui. 
Henri : Super… libre, indépendante, la rareté en somme. Intéressant, intéressant, et… les parents, la mère ? 
Pierre : La mère ? Je ne sais pas grand-chose sur elle. 
Henri : Et le père ?
Pierre : Le père, d’après le peu que j’ai compris, s’est envolé juste après sa naissance.
Henri : Tout comme ma Nathalie qui n’a été élevée que par Rosemonde.
Pierre : Rosemonde ?
Henri : Sa mère.
Pierre : Ah oui ! La somptueuse personne que tu m’as présentée il y a quelques jours.
Henri : Elle vit encore avec maman ta dulcinée ? Pour du moderne, mis à part qu’elle soit à son compte, excuse-moi, mais ça fait un peu fifille à la maison.
Pierre : Et alors ?
Henri : Justement.
Pierre (agacé) : Justement quoi ? 
Henri : La mère, tu l’as vue ?
Pierre : Encore ! C’est la fille avec qui je sors, pas avec la mère, je respecte les âges malgré tes basses insinuations.  
Henri : Bien ! Pierre,  c’est raisonnable.
Pierre : Et puis, je ne lui ai pas demandé son arbre généalogique avec trombinoscope au bout de cinq minutes.
Henri : Ne te fâche pas mon grand.
Pierre : Henri, tu es mon meilleur ami, parfois je te trouve curieux. J’arrive parfois à faire le tri dans ta manière de penser, mais là, j’ai du mal à saisir la sinuosité de ta réflexion… et… surtout ce que tu sous-entends.
Henri : Je ne sous-entends rien du tout, seulement, il est connu, et ce depuis fort longtemps… il y a  un dicton qui dit… mais… Pierre, ne le prend pas mal… et puis… non rien….
Pierre : Trop tard, allez, parle ! Comme nous ne nous sommes pas vu depuis un moment, j’ai besoin de m’égayer un peu la cervelle avec tes bêtises de représentant. 
Henri : Ok, tu l’auras voulu. C’est simple, le dicton est : « Si tu veux la fille, regarde la mère. » 
Pierre : Qu’est-ce que c’est que cette histoire ! C’est dans Le Canard Enchaîné que tu as dégoté cette idiotie ou  dans une de ces émissions où tout le monde déballe de sordides secrets de famille.
Henri : Au fait, comment se prénomme-t-elle déjà ?
Pierre : Qui ? La mère ?
Henri : Mais non ta perle, voyons… la fifille qui tient une boutique pour nanas.
Pierre : Isabelle.
Henri : Joli prénom et… vraiment jolie l’Isabelle ?
Pierre : Très jolie, je te l’ai dit !
Henri : Et la mère ? Comment est-elle ? Dans vos conversations intimes tu as peut-être eu une indication.
Pierre : Vraiment, tu es lourd. Dans notre intimité, comme tu dis, nous avons autres choses à faire que de parler de sa mère.
Henri : Vraiment rien ?
Pierre : Tu insistes, je n’en sais rien, je ne l’ai jamais vue, c’est grotesque ton histoire ?
Isabelle entre alors dans le café, elle est ravissante. Elle embrasse Pierre, se présente à Henri.
Isabelle :Isabelle.
Henri : Henri, le roi de la bande dessinée !
Pierre (goguenard) : Dessinée est peut-être le mot de trop…
Isabelle : Eh ! Pierre… je te découvre amusant.
Henri : Sympa le copain, c’est vrai qu’il est amusant… toutes les années bissextiles.
Henri la dévisage attentivement.
Isabelle reste debout, s’adresse à Pierre.
Isabelle : Pardonnez-moi, je passais en coup de vent, je suis pressée, je dois revenir rapidement à la boutique.
Henri : Ah oui ? La boutique de prêt-à-porter pour femmes.
Isabelle : Je vois que Pierre m’a déjà fait de la publicité, vous comptez venir acheter un ensemble pour une soirée branchée ou pour vous déhanchez dans une boîte de travestis ?
Henri : Non, non, juste surveiller les cabines d’essayage, j’ai des dispositions de garde du corps depuis ma tendre enfance.
Isabelle : Pas n’importe quel corps je suppose… Drôle ton copain, Pierre, pas prétentieux du tout.
Pierre : C’est un représentant de commerce, une espèce qui n’est pas prête d’être en voie de disparition, hélas ! !
Henri : Tes clichés sont indécrottables mon pauvre, et puis il y a représentant et représentant.
Pierre : C’est vrai, mais pour le moment je n’en côtoie qu’un magnifique spécimen, c’est toi.
Isabelle : Votre lumineuse conversation m’épuise, messieurs. Allez, au revoir. Pierre à ce soir. Soyez sages tous les deux.
Henri : Mais… très chère… nous sommes toujours sages, c’est curieux cette tendance à prêter aux autres ce que soi-même on n’est pas.
Isabelle : Vous allez voir ce que je vais vous prêter moi.
Isabelle  embrasse Pierre sur le nez, dit au revoir à Henri et sort.
Pierre : (à Henri)  Comment la trouves-tu ?
Henri :(dubitatif) Ouais, ouais… En tout cas, elle a de la réplique… 
Pierre : Ouais, ouais ! Elle est magnifique ? Oui ou non ? 
Henri : Maintenant d’accord, mais dans cinq ans… Si tu es encore avec elle, elle aura peut-être pris des fesses, la bouche tombera peut-être, les seins, très important les seins, enfin… pour moi, actuellement droits, seront peut-être lourds, gros. Je stoppe, car la liste risque d’être interminable.
Pierre : Mais… je  rêve, tu crois vraiment ce que tu dis. Je trouve qu’il y a beaucoup trop de peut-être dans ton discours, Henri.
Henri : Certaines femmes, tu sais, c’est comme de jolis fruits au début, mais il faut voir, avec les années le mûrissement. Seul le temps permet de constater s’il y a des dégâts, donc le meilleur moyen de comparer le présent avec l’avenir c’est de voir la mère.
Pierre : Bravo le macho, mais toi Henri le magnifique, avec Nathalie, ta somptueuse fiancée, c’est comme ça que tu as fait ?
Henri : Pour qui me prends-tu ?
Pierre : Je te prends pour… et bien non tiens, je ne te prends pas… alors ?
Henri : Bien sûr, quand j’ai rencontré Nathalie, la première chose que j’ai fait, c’est, en douce, de lui demander une photo de sa mère. Et puis un jour, sachant qu’elles se retrouveraient pour prendre le thé, je les ai suivies. Planqué non loin d’elle,  je les ai observées attentivement. Et bien, crois-moi Pierre, la mère de Nathalie, un  canon de première ligne. Tu l’as vue ?... Sublime, seulement… je l’admets, un peu légère dans la discussion…
Pierre : Je ne te le fais pas dire.
Henri :… Étant assez près, je les ai entendues papoter,  malheur !... Mais bon, en ce qui me concerne, je ne tiens pas à épouser  un membre de l’Académie Française, ni même une prof de philo…
Pierre : Pourtant, un peu de culture, cela te ferait du bien.
Henri : Mais…. je n’en suis pas démuni, t’es gonflé quand même.
Pierre : Tu as raison… c’est vrai, mais… ta culture est en friche. Il faut creuser… en cherchant, sous de hautes  herbes et de la rocaille, ou alors, tel l’été, la nuit, tel l’éclat du ver luisant en rut, oui… on la trouve.
Henri : Quelle tirade ! Tu vas voir toi, dans quelques temps, si tu joueras au ver luisant avec ta dulcinée.
Silence
Pierre : Merci Henri, j’étais tranquille, mon avenir sentimental s’amorçait sereinement, me voilà bien avancé maintenant, tu es un vrai frère...  (Il se lève et part).
Henri : De rien, tiens-moi au courant quand même et… bon courage !
Pierre debout se penche vers Henri. 
Pierre : Dis-moi  Henri et … pour les hommes, selon ta grotesque théorie, est-ce  aussi valable ?
Henri : Comment pour les hommes ?
Pierre : Si tu ne connais pas la différence entre un homme et une femme, t’es grave Henri.
Henri : Quoi les hommes ?
Pierre : Et bien, une jeune femme doit-elle regarder son futur beau père pour savoir quelles proportions prendra le fils ? Et se dire, inquiète : « Si tu veux le fils regarde le père ? » 
Henri : Pas de proverbe sur ce sujet, en tout cas, à ma connaissance.
Pierre : Dommage, car franchement tu n’aurais pas intérêt à avoir un fils.
Henri : Mais… mon physique n’est pas si mal !
Pierre : Côté physique oui, quoique, on peut mieux faire, c’est surtout le cerveau qui laisse à désirer… Enfin quand je dis le cerveau, la toute petite boîte que tu as, là, juste derrière tes oreilles… et qui te sert à dire les plus grosses conneries du monde.
Henri lui lance un objet. Pierre part en courant.

2ème Scène

Pierre et Isabelle chez Pierre, le soir.
Intérieur confortable.
Dans le coin cuisine, Isabelle s’affaire.

Isabelle : Il  a un humour douteux ton ami, mais je le trouve sympa quand même… Vous vous connaissez depuis longtemps ?
Pierre : Depuis le collège, nous ne nous sommes pour ainsi dire jamais perdus de vue. C’est vrai qu’il faut supporter ses blagues, mais il m’amuse. C’est un gentil garçon. Quand j’ai un ennui je peux compter sur lui…  quand je suis sans problème, hélas, aussi, parfois.
Isabelle : Qu’est-ce que cela veut dire ?
Pierre : Rien, rien.
Isabelle: Pierre... 
Pierre : Oui. 
Isabelle : Purée  haricots verts… ou pâtes ?
Pierre, marchant de long en large, cherchant à aborder le sujet à propos de la mère d’Isabelle.
Pierre : Quoi ?
Isabelle : Purée haricots verts… ou pâtes ?
Pierre : Comme tu veux.
Isabelle : Bon, pâtes.
Pierre : Pâtes ! Ce n’est peut-être pas très bon pour la ligne.
Isabelle : Qu’est-ce que tu me chantes, ta ligne ou la mienne ?
Pierre : Disons un tout petit peu plus pour les femmes, pas toutes…
Isabelle :… Comment pas toutes ?
Pierre : … Mais… oui… regarde les italiennes. Au début, elles sont superbement plantureuses,  désirables, goûteuses…
Isabelle : Goûteuses ?
Henri :… Et puis paf, quelques temps après, elles deviennent de bonnes  grosses mamas, tout ça grâce, ou à cause de leur cuisine… pas toutes… non…
Isabelle : Bravo les clichés, Pierre, nous sommes en France, pas en Italie,  tu fréquentes des italiennes toi ?
Pierre : Non pas vraiment.
Isabelle : Qu’est ce que cela veut dire pas vraiment ?
Pierre : C’est une expression.
Silence
Pierre : Je ne suis pas contre, tu sais.
Isabelle : Les pâtes ?
Pierre : Non… les italiennes.
Isabelle : Du genre Angelina  Jolie  ou  Monica Bellucci par  exemple.
Pierre : Bingo, tu as deviné. Au fait, Isabelle, comme ça… une idée.
Isabelle : Oui ?
Pierre : Tu connais les Sumos Japonais ?
Isabelle : Je ne suis pas une  débile, tout le monde connaît les Sumos.
Pierre : Bon… et bien… imagine… un Sumo japonais enceinte.
Isabelle : Quoi ?
Pierre : Je veux dire une femme qui serait Sumo, imagine, bien balèze, énorme quoi, et qui aurait un enfant…
Isabelle : Pierre, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Après les italiennes, les japonaises ? Tu fréquentes des membres de l’ONU ces jours-ci ?
Pierre : Attends, je n’ai pas fini, donc, cette femme Sumo a une relation avec un homme… On s’en fiche… s’il est beau ou laid… disons pas mal quand même. Donc, cette femme Sumo et cet homme ont un enfant… une fille, tiens.
Isabelle : Bonjour l’amour ! Vive le Kamasoutra surdimensionné.
Pierre : Cette fille, jusqu’à dix huit-vingt ans est ravissante, fine, légère, une vraie geisha, tu vois ?
Isabelle : Je vois sans trop voir. Je crois surtout que tu as sûrement bu trop d’apéritifs avant de venir… alors ?
Pierre : Alors… alors, cette fille jolie, pareille à une fleur de pommier rose…
Isabelle : Quel romantisme ! Franchement… tu es poète ou vampirisé  ce soir.
Pierre :… Dis-moi Isa, heu… dix ou vingt ans après, cette jolie plante… a-t-on une chance de la retrouver comme sa mère, volumineuse et aussi gracieuse qu’un mammouth ?
Isabelle arrête de travailler, réfléchit, fait quelques gestes en gonflant les joues et prend une attitude de Sumo.
Isabelle : Impossible de te donner une réponse, d’autant plus que je n’avais jamais réfléchi à l’idée d’être moi-même une geisha, encore moins une Sumo enceinte, accouchant au pays du soleil levant.
Pierre : Tu ne peux pas ou… tu ne veux pas me répondre ?
Isabelle : Écoute, je ne comprends rien à ton charabia ce soir, tu m’embêtes. Tiens, comme je n’ai pas le temps de philosopher, tu dîneras seul. Je te laisse, je suis en retard, je dois rejoindre maman et des copines à un vernissage. Un jeune peintre à la mode paraît-il, hyper branché.
Pierre : Hyper branché ! C’est curieux, ces femmes qui ne vont jamais voir un vieux peintre pas à la mode et qui s’est déconnecté du monde.
Isabelle : Petit jaloux… Tu sais, souvent, à tort ou à raison, jeune et mode vont souvent de pair, c’est un dicton.
Pierre : Ne me parle pas de dicton Isabelle, surtout en ce moment.
Étonnement  d’Isabelle.
Pierre : C’est un vernissage avec buffet garni ? 
Isabelle : Je l’espère. Il y aura sûrement du champagne, des canapés, des petits fours, des gâteaux à la crème (elle rit) et, crois-moi, je ne vais pas me gêner pour faire une razzia gastronomique  pour devenir une monumentale lutteuse de foire.
Pierre : C’est pour cela que tu ne dînes pas avec moi ?
Isabelle : Bingo, je suis maline hein ?
Pierre (sournoisement) : Si tu veux, je peux t’accompagner, comme cela tu me présenteras ta mère… Cela fait trois mois que l’on se connaît… je ne l’ai jamais vue. Ce n’est pas correct.
Isabelle : Correct, depuis quand t’intéresses-tu au savoir-vivre ?
Elle l’embrasse et part tout en s’habillant.  Elle revient sur ses pas.
Isabelle : Pierre ?
Pierre : Oui.
Isabelle : Demain, nous la rencontrerons si cela te va… (elle disparaît, puis revient)… Comme cela, tu pourras dormir tranquille, mon samouraï chéri.
À  peine partie, on sonne. C’est Henri avec sa petite amie Nathalie, blonde décolorée, jupe courte.
Les trois personnages se disent bonjour.
Henri : Tiens, tu manges seul ?
Pierre (tout en mangeant) : Pas prévu, mais oui, Isabelle a rejoint sa mère pour un vernissage, d’un soi-disant jeune peintre à la mode.
Henri : Alors ?
Pierre : Et bien il est à la mode, c’est tout.
Henri : Mais… je ne te parle pas de ce peintre… la mère ? Alors… ?
Pierre : Ah ! La mère, ouiiii .
Henri : Alors ?
Pierre : Crois-moi, pas facile,  demain je dois la rencontrer, les dés sont jetés.
Henri : Les dés de l’amour… sur le tapis du va-tout.
Nathalie : Qu’est-ce que cela veut dire ?
Henri : Rien, c’est un nouveau jeu télévisé ! Genre quitte ou double, ou plutôt… je quitte ou je reste.
Nathalie : Tu te moques de moi.
Henri : Oui (il l’embrasse).
Henri  (à Pierre) : Tu es inquiet ? Je ne vois pas pourquoi ?
Pierre : Pourquoi ? Tu ne manques pas de culot. Grâce à toi, on ne peut pas dire qu’à présent je sois zen !
Nathalie  (en chantant) : Zen zen zen… quand il y a de la zen, y a pas de plaisir
Pierre et Henri restent impassibles. 
Henri : Ça doit être du vieux Coluche, ou de la blague Almanach Vermot 1936… enfin…
Nathalie : Vermouth ? Connais pas, pour une fois que je fais de l’humour.
Pierre : Bof ! Je te préfère en amour qu’en humour, tu sais.
Nathalie : Tu es vraiment un snobsédé mon pauvre ami.
Henri : On dit ob… sédé.
Nathalie : Ah ! Bon. Comme tu veux.
Henri : Pierre, tu viens avec nous au ciné-club ? Cela t’évitera de trop réfléchir.
Pierre : Qu’allez-vous voir ?
Henri  (hilare) : Nous hésitons entre « Sept ans de malheur » de Max Linder, ou bien « La poison » avec Michel Simon.
Pierre : Très rigolo, merci… merci, je préfère rester seul avec mes réflexions, sadiquement interférées par les tiennes, je te  rappelle.
Nathalie : Pauvre Pierre, qu’y a-t-il ? Je ne t’ai jamais vu comme ça.
Pierre : Rien, j’ai des pâtes qui commencent à me peser sur l’estomac.
Henri : Bon, et bien bonne digestion !
Henri et Nathalie partent.
Nathalie  (à Henri) : Tu es sûr que nous pouvons le laisser seul ?
Henri : Mais oui, maintenant si tu veux jouer à la baby-sitter ne te gêne pas.
Nathalie : C’est qu’il me ferait une crise le monsieur, et… si j’acceptais, je suis une spécialiste des lourdeurs de spaghettis.
Henri : Ton esprit de cuisine devient un peu trop subtil pour moi ma belle.
Nathalie : Être à ta hauteur, tu sais, ce n’est pas facile.
Henri : Je sais, je sais… (Comme Gabin)

3ème scène

Le lendemain dans un café.
Isabelle souhaite présenter sa mère  Jacqueline à Pierre.
Jacqueline, la cinquantaine, au physique quelconque, plutôt rondouillard.
Isabelle et Jacqueline (dite Jackie) sont assises et bavardent en attendant Pierre.
Arrive Pierre.
Il embrasse Isabelle, se tournant vers Jackie, il a  un mouvement de recul.

Pierre : Ah  oui… Ouiiii.
Isabelle : Quoi, ah  ouiiii ?  (elle se retourne)
Pierre : Rien, rien du tout.
Isabelle : Tu as dit oui, ouiiii.
Pierre : Non, non.
Isabelle : Si tu as dis oui, ouiiii.
Pierre : Puisque tu le dis, l’inconscient peut-être oui. 
Isabelle : Ouiiii… L’inconscient, mon œil.
Jackie : Et bien, Pierre, asseyez-vous, je ne mords pas tout de même…
Pierre s’assied, il n’arrive pas à détacher son regard de Jackie.
Pierre : Alors, vous êtes la maman d’Isabelle madame ?
Jackie : Appelez-moi Jackie.  Oui, pourquoi ?
Pierre : Rien et… Isabelle est votre fille ?
Isabelle : En général, c’est comme ça Pierre, qu’est-ce qui te prend ?
Jackie : Il lui prend que monsieur s’attendait à trouver une extraterrestre… De nos jours, avec les progrès de la science, les Martiens peuvent être partout, tu sais.
Isabelle : Maman !
Pierre : Pardonnez-moi deux minutes, je vais aux sanitaires.
Jackie  (riant) : Aux sanitaires, quelle classe…
Une fois Pierre parti.
Isabelle : Je te trouve bien agressive.
Jackie : Je ne suis pas agressive, mais… j’ai trouvé curieux son expression en me voyant.
Isabelle : Ah bon ?
Jackie : Oui… cette façon de me dévisager… pénétrante et… je dois dire… évaluatrice.
Isabelle : Écoute maman, tu as peut-être raison, je ne sais pas ce qu’a Pierre depuis quelques jours,  je le trouve  bizarre. Tu as vu tout à l’heure ?
Jackie : Oui.
Isabelle : Tu sais, il me parle de Sumo enceinte, de geisha, de pâtes italiennes qui font grossir et là, avec toi, je le trouve carrément impoli. Hier soir, il m’a tellement agacée que je l’ai planté devant un plat de spaghettis… sans sauce.
Jackie : Sans sauce ! Tu exagères... Isabelle, ma fille, tu sais les hommes sont parfois curieux, seulement là avec ton Pierre, sa réaction en me voyant, je ne suis pas dupe, tout me laisse à croire qu’il s’attendait à voir une autre personne, par exemple… plus jolie… un peu comme toi, tu vois ? Enfin, une fille qui ressemble à sa mère ou… disons, une mère qui ressemble à sa fille… sans sauce (voix grave), quand même !
Isabelle : Maman, ce n’est pas possible… tu te fais des idées.
Jackie : Idées ou pas, nous arriverons bien à percer le mystère de son attitude.
Pierre revient des toilettes en s’épongeant le front.
Isabelle : Tu vas bien Pierre ?
Pierre : Juste un léger malaise.
Jackie : Peut-être avez-vous vu le monstre du Loch Ness ou le fantôme de l’Opéra… aux sanitaires ?
Pierre : Ha, ha…
Jackie (plus  douce) : Sérieusement, Pierre, depuis que ma fille vous fréquente, je la trouve  épanouie, vous devez avoir un don, je vous félicite. Ma fille, vous savez, en plus d’être une adepte de tout ce qui est bio, en  partisane de l’écologie, sélectionne qualitativement tout ce qu’elle entreprend .Je dois dire, que, parfois, c’est un peu maladif … comme un TOC, vous voyez ? 
Pierre : Ça promet ! Mais… je ne vois pas le rapport… sauf devant les buffets garnis. Merci Jackie, je tâcherai de rester le plus nature possible. Si vous le désirez, je ne m’habillerai plus qu’en vert pomme.
Jackie : Ça, vous aurez de l’allure. À la  gay pride  vous ne dépareilleriez pas.
Isabelle et Jackie rient.
Isabelle : Maman, Pierre est un garçon avec tellement de qualités, tiens, à partir d’aujourd’hui, j’arrête tout casting de prétendants.
Pierre : Après le bio, l’écologie… les castings !  J’hallucine ! Nous ne sommes pas au cinéma. Nous ne tournons pas un film à ce que je sache.
Jackie  (à Pierre) : Vous savez, la vie, le mariage, l’amour, sont des scénarios qui se répètent à chaque fois sous des angles différents, parfois même en changeant d’acteurs.
Pierre (coquin) : Ou d’actrice ne l’oubliez pas. Et… quel rôle désirez-vous me faire jouer ? Un cow-boy ? Arsène Lupin,  le gendarme de Saint-Tropez ? Pourquoi pas  un acteur de pornos ?
Jackie : Oh !
Isabelle : Hé… c’est tentant ! Tout va dépendre de tes capacités d’improvisation, mon amour… Pour le moment, tu es en période d’essai, alors que des petits rôles. Le haut de l’affiche, la star… après.
Pierre : Et bien, tu ne manques pas de culot, je savais les femmes émancipées, mais là, je suis sidéré. Et… en période d’essai les répétitions sont quant même autorisées ?
Isabelle : Ça oui, il ne faut tout de même pas exagérer.
Pierre : Ouf !
Isabelle (se tournant vers Jackie) : Il gobe tout… même les histoires les plus invraisemblables. Tu es adorable mon Pierrot.
Jackie : Bon, je vous laisse les amoureux. Pierre, si vous le souhaitez, avec Isabelle, je vous invite la semaine prochaine à la maison. Je vous ferai un de ces cassoulets tel qu’on en cuisine dans le sud-ouest, vous m’en direz des nouvelles.
Isabelle : Hou, extra !  Tu verras, maman  est Toulousaine, c’est une  spécialiste de première classe.
Pierre : Un cassoulet ? Et la ligne ? Tu es sûr qu’un filet de poisson ne serait pas meilleur.
Jackie et Isabelle : Ah ! Non.
Isabelle : Et puis on peut être bio, surveiller sa ligne et aimer le cassoulet quand même.
Pierre : Curieux tout de même.
Jackie : À bientôt Pierre, ravie d’avoir fait votre connaissance.
Pierre : Moi… moi aussi. Donc vous êtes sûre pour le cassoulet ?
Jackie : Si vous tenez à votre poisson, vous l’aurez… en entrée ça vous va ?
Pierre : J’en peux plus.
Isabelle : Que dis-tu ?
Pierre : Rien, rien.
Tout le monde s’embrasse. Jackie part.
Isabelle et Pierre restent seuls.

4ème Scène

Un autre jour au café. Pierre est seul, méditatif.
Entrent Henri, Nathalie et la mère de Nathalie, Rosemonde (style ancien mannequin, bien conservée.)
Pierre et Henri s’installent sur un canapé. Plus loin, Nathalie et sa mère chacune dans un fauteuil.
Alternance d’éclairage quand chaque couple parle.

Pierre : Écoute Henri, j’ai rencontré la mère d’Isabelle il y a quelques jours.
Henri : Alors ?
Pierre : Alors, on ne peut pas dire que cela soit la Joconde ou la Vénus de Milo.
Henri : Pas un monstre tout de même ?
Pierre : Non, pas un monstre, mais si Isabelle devient comme sa mère d’ici quelques années, avec tes perverses insinuations, je ne suis pas certain de garder mes intacts désirs… J’aurais toujours à l’esprit un doute sur les propensions anatomiques d’Isabelle, grâce ou à cause de toi, hélas ! Ton venin commence à faire son effet,  j’ai beau réfléchir, je ne vois aucun antidote à l’horizon.
Henri : Mais… tu l’aimes ?
Pierre : Je l’aime, oui, elle est intelligente, de la finesse, du courage, mais… je t’avoue que ce qui m’a attiré en premier,  c’est sa plastique, son corps, sa féminité, des atouts qui entretiennent le désir, enfin je suppose, c’est humain non ? 
Henri : Il n’y a pas que ça quand même…
Pierre : Tu peux parler toi… Sur quels critères as-tu dragué Nathalie, hein ! Son cerveau à la Einstein, sa réflexion à la Marie Curie ou bien son beau petit cul… Entre nous Henri, la mère de Nathalie, bon, c’est vrai, elle est bien conservée mais… côté philosophique, c’est plutôt cabines de Nouvelles Galeries, explorations des derniers salons de thés à la mode, toilettages pour caniches à mémères!
Henri : Tu n’as pas tout à fait tort, j’ajouterai même… avec en l’air l’auriculaire.
Pierre : Tu vois ça rime.
Éclairage sur Rosemonde et Nathalie.
Rosemonde :  Tu es ravissante ma fille. Ah ! L’amour, quelle nourriture… Au fait, j’ai découvert un nouveau salon de thé, il faut à tout prix que je te le fasse connaître… Le cadre : une merveille. Des pâtisseries uniques, le chocolat chaud… moelleux… magique ! Avec tous ces délices, la vie vaut franchement d’être vécue.
Nathalie : Tu es gentille maman, mais tu sais, je fais attention à ma ligne. Hôtesse d’accueil demande des efforts énormes d’entretien du corps.
Rosemonde :  En parlant de corps Nathalie… avec Henri… dis-moi… est-ce que… enfin… tu vois ce que je veux dire… c’est… bien ?
Nathalie : Bien quoi ?
Rosemonde : Et bien… la chose.
Nathalie : Maman ! 
Rosemonde : Oh ! Ne fais pas la mijaurée, tu sais, avec les hommes, au début, il n’y a que deux priorités, la chose et les bons petits plats mijotés… en surveillant sa ligne, bien entendu.
Nathalie (petits rires) : Alors crois-moi,  je dois faire un effort côté plats mijotés !
Rosemonde : Dis donc ? Ça y est, Pierre est amoureux. Dis-moi, as-tu vu l’élue ?
Nathalie : Pas encore, mais d’après Henri c’est la perle rare.
Rosemonde : Comme nous en quelque sorte.
Henri (de loin) : Sauf qu’il y a des perles naturelles et d’autres de cultures.
Rosemonde  (fortement) : Merci Henri, toujours aimable ?
Lumière sur Pierre et Henri.
Henri : Et puis, tu sais, je m’en fous que Nathalie ne soit pas Marie Curie ou Marguerite Duras. Au lit, je préfère largement les acrobaties orientales dans un abyssale monde du silence, sans requins,  ni  pieuvres aux ventouses gluantes.
Pierre : Tu exagères. Bien sûr, moi aussi, j’aime la gymnastique charnelle, mais, tu vois, il me faut l’ensemble : la brillance, l’esprit, l’intellect et… l’esthétique, si par malheur, celle-ci s’évanouissait, j’avoue, j’en serais bien malheureux.
Henri : L’avenir  le dira.
Pierre : L’avenir, voilà un mot que je crains maintenant.

Lumière générale.

Rosemonde :  Alors les garçons, on refait le monde ?
Henri : Oui, belle maman, le monde avec ses perles fines et ses créatures de rêves comme vous, seulement pour les trouver, il faut avaler beaucoup d’huîtres.
Nathalie (rire un peu bébête) : Tu es drôle, Henri.
Pierre (grave) : Il est très, très drôle parfois.
Henri (se lève) : C’est ma nature (il chatouille Nathalie et Rosemonde).
Pierre les regarde, consterné. Il se lève à son tour.
Arrive Isabelle.
Pierre (à Rosemonde) : Je vous présente Isabelle ma fiancé. 
Isabelle : Fiancée ? Fiancée ? C’est vite dit, les gros mots tout de suite.
Henri : Pète sec ta  fiancée Pierre !     
Isabelle  (à Rosemonde) : Vous êtes la  ravissante future belle-mère d’Henri ?
Rosemonde : C’est paraît-il ce que tout le monde dit.
Henri : Ravissante ou belle-mère ?
Rosemonde : Ravissante bien sûr.
Isabelle  (à Rosemonde) : En tout cas, aujourd’hui, vous rayonnez.
Rosemonde : Pas qu’aujourd’hui j’espère, Isabelle.
Isabelle : Non … pardonnez-moi.
Henri : Avec une future belle-maman comme Rosemonde je me demande si j’ai bien fait de prendre la fille au lieu de la mère, moi.
Rosemonde : Vous allez me faire rougir Henri.
Nathalie : Oui, et bien moi c’est sa joue qui va rougir si ça continue.
Henri : Et si j’optais pour un harem avec ces deux délicieuses déesses.
Pierre : Bonne idée Henri. Dans six mois tu deviendras complètement fou, deux femmes c’est pire qu’une pieuvre, même petite.
Rosemonde : Comprends pas ?
Isabelle : Pas la peine d’attendre six mois il est déjà fou.
Henri  (à Isabelle): Nous pouvons nous tutoyer ?
Isabelle : Oui bien  sûr.
 Henri :… Comment va ta mère ?
Isabelle (très étonnée): Bah ! Bien, pourquoi ?
Henri : Comme ça,  tu nous la présentes quand ?
Isabelle : Mais qu’est-ce que vous avez tous à vouloir connaître ma mère ? Je ne suis pas ta petite amie Henri.
Henri : Non hélas !
Pierre : Te gêne pas Henri, ajoute Isabelle à ta liste, et aussi la mère d’Isabelle.
Henri : C’est… que… La tentation est grande.
Isabelle : J’ai une vieille tante en réserve si vous voulez.
Henri : Les vieilles tantes  merci, jeunes cousines, oui.
Pierre : Ça déraille, ça déraille.
Isabelle : Les wagons couchés sur le ballast, très peu pour moi.
Nathalie : On ne dit pas les wagons couchettes ?
Pierre et Henri  (les yeux au ciel) : Si, si…
                       
5ème Scène

Isabelle chez Jackie.

Isabelle : Dis maman, d’après toi, qu’arrive-t-il à Pierre, avec ses sous-entendus, ses réflexions invraisemblables, et surtout, il me semble, cette attitude limite odieuse à ton encontre ?
Jackie  (pensive) : Je crois avoir deviné, suis  pas certaine, je pense que mon physique n’est pas étranger à son comportement.
Isabelle : Ton physique ! ! Quel rapport ?
Jackie : Ce n’est pas qu’il ne t’aime pas, c’est évident, mais…  quelqu’un a dû l’influencer, ou autre chose je ne sais pas.  Je me demande, à travers tout ce que tu m’as raconté,  ce que j’ai entendu de sa part, que sa crainte vienne de ton physique
Isabelle : Mon physique ?
Jackie : … Surtout du mien.
Isabelle : Je ne comprends pas.
Jackie : Isabelle, ne jouons pas à l’autruche, tu es jolie, pimpante, gracieuse et… tu m’as vue, plutôt rondouillarde, pas laide, mais pas vraiment une pin-up. Dans son esprit, sans doute, il a accéléré le temps et t’a imaginée comme moi… mais… dans une… deux, ou… cinq, ou dix année, je ne sais… souvent certains  hommes font, hélas, ce débile exercice…
Isabelle : Quoi ?
Jackie :… Peut-être a-t-il raison, sauf que nous ne devons pas éluder le problème.
Isabelle : Tu ne peux dire cela quand même…
Silence
Isabelle : Et… s’il avait raison. Je commence à saisir ses imbéciles allusions.
Jackie : Et… s’il avait tort.
Isabelle : Oui, mais s’il avait raison (elle se fâche), je ne sais plus où j’en suis maman.
Silence
Jackie : Écoute Isabelle, ce n’est pas possible pour une raison majeure … je vais profiter de cette situation… pour… enfin… te mettre au courant d’un secret que j’ai, pour de bonnes raisons, gardé jusqu’à maintenant.
Isabelle : Tu m’inquiètes… Toi, tu as des secrets ?
Jackie : D’avance, pardonne ma brutalité mais… j’ai une grave vérité à t’annoncer.
Isabelle : Maman…
 Jackie : Ma fille chérie, je ne suis pas ta maman.
Isabelle : Quoi ! Ce n’est pas possible !
Jackie : Et si.
Lumière à nouveau tamisée.
Jackie :… Je t’ai adoptée toute petite, tu n’étais qu’un bébé. Ta mère, une jeune actrice débutante, t’avait eue avec un modeste comédien de passage. Ne pouvant t’élever, elle était désespérée. La pauvre en était au bord du suicide… Célibataire, j’étais couturière de théâtre, je gagnais bien ma vie. Nous étions très amies ta maman et moi. Afin de ne pas entraver sa carrière, je lui ai proposé de t’élever et, pour notre entourage, de te considérer comme ma fille jusqu’au jour où nous nous déciderions de tout révéler…
Isabelle : Et bien, on peut dire que vous avez pris votre temps.
Jackie : C’est vrai, il faut nous pardonner, ce n’est pas facile de gérer une telle histoire.
Isabelle : Et… ?
Jackie : Nous sommes toujours restées en contact… Aujourd’hui, ta mère est devenue une actrice célèbre qui parcourt le monde en  star. Il y a un an, nous avons été la voir dans une pièce de théâtre…
Isabelle : Quoi ?
Jackie : Ta maman est la fameuse Odette Parizi, connue dans le monde entier. Tu l’avais même trouvée formidable, t’en souviens-tu ?
Isabelle : Odette Parizi… En effet, je m’en souviens, c’est affreux ce que tu me dis là, mam…
Jackie : Tu peux toujours m’appeler maman, tu sais.
Isabelle : Et mon père… le comédien de passage ! Encore un secret ?
Jackie : Lui ? Hélas un beau petit figurant de passage, c’est aussi simple.
Isabelle : Mais, alors, le soi-disant mari que tu avais eu et qui s’était enfui ?
Jackie : Oh ! Je n’ai pas eu de mal à inventer cette histoire, j’ai juste imaginé et transposé la même situation pour moi.
Isabelle : Tu es incroyable. Comment se fait-il que cette Odette ne se soit jamais  manifestée à mon égard ?
Jackie : Bien sûr que si grosse bête, mais tu l’ignorais. Seulement, sa carrière, les médias, les mauvaises langues l’en ont empêchée. Souvent, quand tu étais gamine, en se travestissant, elle s’approchait de toi, te faisait des bisous, te prenait sur ses genoux. Innocente, tu riais de ces jeux, sans les comprendre…
Isabelle : Ça alors…
 Jackie : Ensuite, ce fut plus difficile. Quand tu étais au lycée, puis au collège, elle faisait semblant d’attendre sa fille et nous bavardions de tout et de rien durant quelques instants….
Isabelle :… Et  j’étais là ?
Jackie :… Oui, et tu ne te doutais toujours pas de ce mystérieux scénario.
Isabelle : Je suis abasourdie …
Jackie : … Côté financier, quand elle a commencée à être connue, elle m’a aidé avec générosité.
Isabelle : Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour me le dire, je suis bouleversée maintenant… Regarde, j’en tremble d’émotion.
Jackie : Avec Odette, nous attendions le bon moment. Nous avons laissé le temps passer, c’est vrai…  mais grâce à ton nunuche de Pierre…
Isabelle (fronce les sourcils) : Maman…
Jackie : …Pardon… ton gentil Pierre, aujourd’hui, il nous en donne l’occasion, voilà ma chérie.
Isabelle : Et maintenant,  nous pourrons nous rencontrer ? J’appréhende ce jour et ma réaction en la voyant. Jackie… maman… je suis perdue… Est-ce que son public acceptera cette révélation ?
Jackie : Bien sûr… le public actuel a changé. Au contraire, cela ne peut, avec quelques petits mensonges, que satisfaire tout le monde.
Isabelle : Et… mon père ? Le petit comédien, dit de passage.
Jackie : Envolé, disparu, la jeunesse, après une escale sexuelle, tu sais, met souvent des fusées interplanétaires là où je pense.
Isabelle : Mais... savait-il qu’Odette… enfin ma mère, attendait un enfant ?
Jackie : Non.
Isabelle : Tu crois vraiment ?
Jackie : C’est la vie.
Isabelle : C’est la vie… vite dit quand même… Et... toi, Jackie ?
Jackie : Moi ? Mais je suis toujours ta maman… disons une maman bis, qui t’aime autant que ta mère biologique.
Isabelle : Je crois moi, que ton amour est  plus fort… je t’en prie, le bis est de trop.
Isabelle étreint Jackie, toutes les deux pleurent.
La lumière s’éteint.
On entend la voix d’Isabelle : « À nous deux Pierre… »

6ème Scène

Chez Isabelle, on la voit accrocher un grand tableau, c’est le portrait d’une vieille femme guère avenante.
***
Pierre arrive, regarde le tableau, il est perplexe.
            Dans un coin : Henri, Isabelle et Nathalie.
Jackie et Rosemonde s’observent.
Isabelle vient près de Pierre toujours devant le tableau.

Isabelle : J’ai remonté de la cave ce tableau, c’est ma grand-mère, la mère de Jackie, une femme exceptionnelle.
Pierre : Exceptionnelle, ça je vois, mais pourquoi  tu accroches cette peinture que maintenant ?
Henri : Peinture ! Plutôt vieille croûte.
Jackie : Comment ? 
Henri : Rien, rien.    
Isabelle  (tournant autour de Pierre) : Je t’avoue que je n’en avais pas eu l’idée auparavant, c’est pour faire plaisir à maman. Dire que peut-être, je serai comme cela dans quelques années… nos cellules sont tellement imprévisibles. La tectonique des plaques dermiques est parfois incontrôlable, je n’ose y penser d’avance.
Nathalie (pouffe dans un coin) : Tâte tonique, c’est encore sexuel ?
Rosemonde (devant le tableau) : Mon Dieu, mon Dieu, c’est votre mère Jackie…        
Jackie : Vous êtes jalouses ? Pourquoi ? Qu’est-ce que Dieu à avoir là dedans dites-moi ?
Henri : Oh! Rien,
Rosemonde : C’est vrai, à bien regarder, il y a un air de famille entre vous trois. Surtout… comment dire… dans l’allure… ce côté fier… le menton oui… peut-être… ou le front… oui, comment dire ?
Jackie : Ne dites plus rien, Rosemonde. Ne dites plus rien, vous allez par des mots inutiles gâcher  la contemplation.
Pierre : Rosemonde, vous êtes sûre de vous? Moi, je ne trouve pas, ou alors… il faut bien chercher.
Jackie : Cherchez bien, tout est possible… Le regard, tenez, le regard, cette lumière, hein ! Et vous Pierre au fait, votre grand-mère, comment est-elle ? A-t-elle la même générosité, la même noblesse que ma mère ?
Pierre : Heu… générosité le mot n’est-il pas un peu exagéré ?
Henri : Tout dépend de ce que l’on sous-entend par générosité !
Isabelle : C’est vrai Pierre, tu ne m’as jamais montré la moindre photo de ta famille…
Pierre : Mais, pour quoi faire ? Quelle idée !
Isabelle : On ne sait jamais, peut-être y a-t-il une anomalie quelconque parmi tes ancêtres, une tare… Il faut se méfier de nos jours. La physionomie peut souvent nous permettre de détecter certaines curiosités.
Nathalie : Phy… momie, encore un mot d’intellectuels, va falloir que je m’achète un dictionnaire.
Pierre : Pourquoi tu dis cela ? Nous ne sommes pas aux urgences d’un hôpital.
Isabelle : Non, mais comme je tiens à avoir des enfants, je ne désire en aucune façon                                                    à ce qu’ils ressemblent à des gargouilles… Prudence.
Pierre : Des gargouilles ?
Nathalie : Alors moi, avec Henri, j’aime bien les papouilles.
Henri : Gargouilles, pas papouilles !
Nathalie : Ah bon, c’est pas pareil ?  
Henri : Et non ! Ce soir  je te montrerai la différence… Quoique ?
Nathalie : Des promesses, toujours des promesses, quel vantard tu fais Henri !
Rosemonde :  Au moins, dans ma famille, à ce que je sache, pas de tares, que de belles plantes, que de beaux fruits…
Pierre : Bien juteux, juste pour la consommation, c’est tout, enfin ce n’est déjà pas si mal.
Rosemonde : Je vous trouve bien restrictif, Pierre.
Jackie : Vous savez, vous tous, quand j’étais jeune…  il n’y a pas si longtemps…
Nathalie : Quand même… Oh ! Pardon !
Jackie : Je disais… quand j’étais jeune, j’étais  désirée, très convoitée… Parfois même,  je n’ai pas à en rougir, goûtée par des amateurs de toutes sortes, croyez-moi, ils avaient tous un point commun...
Henri  (en douce à Pierre) : Ils étaient malvoyants.            
Rosemonde : Comme moi, ça alors ! Jackie nous sommes de la même école.
Nathalie : Vous étiez dans le même collège vous aussi, ça alors !
Jackie : Merci Henri, je disais donc qu’ils avaient tous un point commun… le sens de l’esthétique.
Henri  (en douce) : Ah ! Le temps… et comme disait , je ne sais plus qui : « La vie humaine se décompose en deux parties: la première ,on tue le temps, la deuxième : le temps vous tue. »
Pierre : Henri, s’il te plaît. Encore un de tes dictons.
Henri : C’est ça, et bien, les belles-doches, vive la libération sexuelle !
Isabelle : Et oui, dire que tout change… Que serai-je dans six mois, dans cinq ans ? Comme une jolie guenon, mais… une guenon quand même. Heureusement Pierre, je sais que tu ne me m’abandonneras pas et que ton amour restera intact… Tu seras mon beau gorille, mon amour de bonobo, les poils en moins cela va de soi.
Nathalie : En parlant d’abandon, pour mon anniversaire, tu m’as promis Henri que nous irions choisir un petit chien à la SPA.
Isabelle : Bonjour le rapprochement !
Pierre : Tu peux parler toi, il y a deux secondes tu parlais d’un gorille, alors …
Henri : C’est vrai, bon et bien, nous y allons… Vous venez avec nous Rosemonde ? Cela vous changera de vos réunions salons de thés et de vos comparaisons sur les mille-feuilles, avec ou sans sucre glacé.
Rosemonde : J’arrive… J’adore ces pauvres petits chiens abandonnés en quête  d’amour… leur regard comment dire…
Jackie  (les yeux au ciel) : Oui, comment dire.      
Henri : Bien sûr, nous le choisirons abandonné par quelqu’un de bien, qui l’a bien nourri, bien chouchouté avant de l’attacher à un arbre pas trop rabougri, dans le bois de Boulogne,  un chêne de préférence.
Nathalie : Ça oui alors, j’y tiens !
Isabelle, Pierre et Henri pouffent.
Tout le monde s’embrasse et part.
Jackie : Je vous suis également  (se retournant vers Isabelle) Bien joué, à bientôt ma chérie… Le tableau, au fait, où l’as-tu trouvé ?     
Isabelle : Dans une brocante, et pour pas cher !
Jackie sort en riant.

7ème Scène

Assis sur le canapé, Isabelle et Pierre se retrouvent seuls.
Lumière tamisée, projecteurs sur eux.
Isabelle : Écoute, mon Pierre,  je voudrais te faire une confidence...
Pierre (sur la défensive) : Oui, laquelle ?
Isabelle : Voilà, actuellement nous sommes jeunes, beaux, en bonne santé, nous avons de bons amis, du travail mais… peut-être que, dans quelques temps, toutes ces valeurs changeront … alors… que deviendra notre amour ?
Pierre (gêné) : Oui, que deviendra notre amour.
Isabelle :... Peut-être, je dis bien peut-être, l’un de nous, toi ou… moi…
Pierre : Oui… toi ou moi…
Isabelle : Avec le temps.
Pierre : Oui avec le temps.
Isabelle : Bon, tu arrêtes de jouer au perroquet !
Pierre : J’arrête de jouer au perroquet.
Isabelle : … peut-être, l’un de nous pourrait changer, disons… prenons un exemple…
Pierre : Un exemple, oui… Ta mèr… ?
Isabelle : Quoi ?
Pierre : Rien, rien.
Isabelle : Je continue, supposons que toi, Pierre, tu deviennes alcoolique, ou… handicapé, ou… très pauvre, ou… simplement obèse, tiens comme un Sumo, ou… vraiment très très laid, mais alors… horriblement laid.
Pierre : C’est tout ? Quel programme. Admettons. Alors ?
Isabelle : Alors, je continuerai à t’aimer profondément, au-delà de toutes considérations intellectuelles ou esthétiques...
Pierre : Mais… pourquoi cette certitude ? Et… pourquoi me dire tout ça ?
Isabelle : Très simple, parce que je crois que toi, vis-à-vis de moi, tu ferais pareil, même si je deviens une jolie guenon comme je te le disais hier. Toi, tu resteras non pas mon gorille, mais mon Tarzan, j’en suis convaincue. Simple échange du cœur.
Pierre : Isabelle, ma chérie, sortons un instant de la jungle, je n’avais jamais songé à une telle preuve d’amour, je suis complètement bouleversé.
Isabelle (coquine) : Je l’espère bien.
Pierre : Je… je peux te faire un aveu ?
Isabelle : Oui. Un secret ?
Pierre : Non plus simple, je t’aime… mais...
Isabelle : Ha ! Non, pas de mais… Tu m’aimes, oui ou non ? Pierre, je t’aime aussi. Bon, stop les violons, maintenant les choses sérieuses, tu me payes un restaurant ?
Pierre : Oui, miss écolo, je connais un petit resto végétarien sensationnel, on y mange bio terrible, un pilpil révolutionnaire.
Isabelle : J’ai dit restaurant, pas clinique.
Pierre : Ok, mais où ? Choisis.
Isabelle : J’ai envie d’une  choucroute garnie.
Pierre : Une choucroute… après le cassoulet, une choucroute, je vais m’évanouir.
Isabelle : Et puis non tiens, un bon chinois sera le bienvenu.
Pierre : C’est ton dernier mot, un petit chinois ?
Isabelle : Oui ? Mais pourquoi petit ?
Pierre : Tu as raison, c’est rare que l’on dise un grand chinois… Allez, en route pour la terre jaune, Ses baguettes, ses chinoiseries aux crabes…  Adieu l’Afrique et sa faune.
Isabelle : Quel lyrisme !!!

8ème Scène

Au café.
Isabelle se trouve seule à une table, elle  chantonne.
Arrive Henri.

Isabelle : Bonjour Henri.
Henri  Bonjour Isabelle,  ça va ?
Isabelle : Bien, très bien. Alors,  ce chien ? Choisi parmi la haute société canine ? Avec un nom à particule ?
Henri : Pas de chien, impossible pour Nathalie de choisir entre les petits, les gros, les poils longs, les poils ras, les blancs, les noirs... Nous nous sommes en fin de compte rabattus sur autre chose…  devine ?
Isabelle : Je n’en sais rien moi, alors…
Henri : Une souris blanche.
Isabelle : Une souris ? Pouah ! Quelle idée ?
Henri : Attention, pas n’importe quelle souris, une de collection, racée… et qui ne demande pas de promenades le matin, le midi et le soir, qui ne bave pas en remuant la queue, qui ne fait pas ses besoins sur le trottoir avec un air d’innocent martyrisé, et surtout, qui ne s’installe pas au milieu du lit au moment le plus délicat, tu vois ce que je veux dire ?
Isabelle : Je vois… mais… une souris, même blanche, reste toujours une souris.
Henri : C’est son choix… Alors...
Silence
Isabelle : Dis-moi Henri, comme ça… avec Pierre, dans vos discussions ?
Henri : Oui ?
Isabelle : … Avec tes idées farfelues… Tu n’aurais pas, disons… raconté des histoires ?... Fait quelques oiseuses allusions… ?
Henri (faux-jeton) : Quelle sorte d’histoires ? Je ne vois pas.
Isabelle : Par exemple, je ne sais pas moi… disons… sur moi… sur ma mère… des histoires bizarres de mecs… Vous en avez tellement dans les sacoches… vous, les blablateurs de comptoirs.
Henri : Les sacoches… comment tu parles Isabelle… nnnnon.
Isabelle : Je parle comme à un représentant de bandes dessinées Henri !
Henri : Bon, allez vas-y, accouche !
Isabelle : Et bien, justement en parlant d’accouchement, figure-toi Henri, mon bel Henri, que ma mère, Jackie…
Henri : Oh, oui Jackie.
Isabelle : Arrête de faire l’innocent, veux-tu… Je disais, ma mère Jackie, et bien elle n’est pas ma vraie mère.
Henri : Tu plaisantes ?
Isabelle : Et bien non… Pour tout dire, ma mère, ma véritable mère, c’est Odette Parizi, la belle et grande star qui défraye la chronique , qui fait la Une des journaux à la mode, ça t’en bouche un coin,  Henri, môsieur je crois tout savoir.
Henri : Pas possible, Odette Parizi, mon idole !!! Toi… sa fille ?
Isabelle : Alors, tu avoues avoir perturbé mon Pierre.
Henri (minaudant) : Mon Pierre !… J’ai juste parlé de proverbes c’est tout.
Isabelle : Ah ! Et quel genre de proverbe à deux ronds, je te prie ?
Henri : Ben….
Isabelle : Voilà qu’il fait sa mijaurée maintenant. Henri… Alors ?
Henri :…« Si tu veux la fille… regarde la mère », mais… ce n’est qu’un dicton.
Isabelle : Quoi ?… Tu es vraiment un drôle de coco.
Henri : Tu sais ce n’était pas très méchant. Juste une suggestion  de copain, pour rire quoi. Ca te perturbe ?
Isabelle : Et oui… bien sûr, cela me perturbe, mais en même temps, je trouve cette nouvelle situation  cocasse. Je n’en ai que plus d’amour et d’admiration pour Jackie qui m’a élevée comme sa propre fille.
Henri : Ça, pour être cocasse, c’est cocasse… Punaise, si on ne peut plus se fier aux proverbes maintenant.
Silence
Henri : J’y pense Isabelle, tu pourrais m’avoir un autographe ?
Isabelle : Vraiment tu ne perds pas le nord.

Arrive Nathalie, en pleurs, avec sa petite souris en laisse.
Henri : Nathalie, qu’est-ce que tu as ?
Nathalie : Ma mère…
Henri : Quoi, ta mère, ma puce ? Il lui manque un faux-cil, elle s’est cassé un ongle ? 
Isabelle : Henri ! 
Nathalie : Ma mère… (elle renifle)  ma mère…
Henri : Calme-toi, alors ?
Nathalie : Ma mère, c’est pas ma mère.
Henri et Isabelle : Quoi ! 
Nathalie : J’ai reçu la visite ce matin d’un inspecteur de la DASS, il y avait eu une embrouille dans un lointain héritage d’une famille qui portait notre nom. J’ai appris qu’en fin de compte, je suis de l’assistance publique, née de parents inconnus.
Isabelle : Je rêve… je rêve ! 
Henri : Et… Rosemonde ?
Nathalie : Une incroyable histoire d’erreur de bracelet à la clinique entre plusieurs bébés durant une nuit.
Henri : Bon sang, comme au cinéma (en tapant dans sa main avec le poing). Je suis sûr que c’était une nuit de pleine lune.
Isabelle : Mais alors, le vrai bébé ? Et  Rosemonde. Où est-elle la pauvre ?
Nathalie : Elle est complètement bouleversée. Actuellement, elle part  afin de retrouver sa fille qui a mon âge.
Isabelle : Dans quel pays ?
Nathalie : Ben, je ne sais pas… Cela c’est passé si vite…
Henri : Hé hé, c’est peut-être une sénégalaise ou une chinoise… pourquoi pas  une femme pygmée ?
Isabelle : Henri, tu es vraiment bête !
Henri : Je plaisantais… mais Rosemonde s’est tellement vantée de ses nombreuses conquêtes, je me disais…
Isabelle : Tu plaisantais mais… pour Nathalie, Henri, comme on ne connaît pas sa maman, hein ! Il se peut que… dans cinq, dix ans...
Henri : Isabelle, je te vois venir avec tes gros sabots à talons aiguilles. D’accord, d’accord… bon, passons…
Isabelle : Tu fais moins le fier Henri on dirait ?
Nathalie  (toujours reniflant) : Qu’est-ce que vous insinuez, vous deux ?                       
Henri et Isabelle : Rien, rien du tout.

C’est alors qu’apparaît Pierre, caché derrière une porte.
Isabelle : Pierre ?
Henri : Tu… tu as tout entendu ?
Pierre : Oui, et ce depuis le tout début de votre conversation. J’avoue que mon attitude fut  puérile, j’ai gobé les  bêtises d’Henri sans chercher plus loin à savoir s’il y avait une vérité. Isabelle, me pardonnes-tu ?
Isabelle : Je ne sais pas, on verra… Il te faudra sûrement repasser un ou deux castings… Allez, oui, je te pardonne, à une condition.
Pierre : Laquelle ?
Isabelle : Que tu n’écoutes plus les histoires de bas étages d’Henri.
Henri : Bas étages, pourquoi pas les sous-sols pendant que tu y es.
Isabelle : Tu as raison sous-sols, caves, souterrains.
Pierre : Promis Isabelle, promis.
Henri : Pierre, oui je regrette pour… enfin, mes élucubrations. Mais, tu sais, dans mon métier c’est presque un réflexe conditionnel.
Pierre : Au moins, change de réflexe Henri. Avoue-le, la situation, est des plus  burlesques ! Et toi qui aimes le cinéma, tu ferais bien de méditer sur l’histoire de « L’arroseur arrosé ».
Nathalie  (reniflant) : Tout le monde m’abandonne, je ne comprends toujours rien…
Henri : Cela ne m’étonne pas, mais tu me plais comme ça, je t’aime ma poupée… Et surtout, n’aie aucune crainte, je ne t’abandonnerai jamais.
Nathalie (reniflant toujours) Hen…ri, ma gargouille.

Pierre embrasse Isabelle, qui embrasse Nathalie qui est ensuite embrassée par Henri.
Arrive Jackie, qui dit en direction de la salle.

Jackie : On pourrait dire… « Attention quand tu désires la fille, surtout ne te fie pas à la mère ! » 



FIN

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