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dimanche 6 novembre 2011

Ces chers petits anges

Michel Turquin

Ces chers petits anges


Documentations exactes.

*
Personnages

Trois mères
Mme Tler : Une femme épaisse, blonde avec des nattes, chemisier blanc.
Mme Olini : Une grande femme, brune, toute en noir, un fichu noir sur les épaules.
Mme Taline : Une petite paysanne, un foulard rouge sur la tête.
***
Mme Tler et Mme Olini, côte à côte, tricotent, assises sur  un banc en bordure de forêt.
***
Mme Olini : Alors Mme Tler, comment va votre petit Adolf ? Toujours adorable ?
Mme Tler  : Je n’ai jamais vu un enfant si sage,  parfois il se rebelle un peu, c’est normal, sie wissen, ces enfants, à leur âge, un rien les énerve.
Mme Olini : C’est comme le mien, mon petit Benito, voulez-vous connaître son dernier caprice ?
Mme Tler  : Oui, dites-moi.
Mme Olini : Et bien…  il veut être instituteur.
Mme Tler  : Pas possible ?
Mme Olini : Si, il veut être, comment dire… un modèle pour son pays.
Mme Tler  : Ça alors, mais… c’est une bonne idée.
Silence
Mme Olini : Et le vôtre Mme Tler,  a-t-il  une idée, une passion ?
Mme Tler  : Je crois que oui, nous avons découvert, avec mon mari, Alois, qu’Adolf aime  dessiner. L’autre jour, à table, il nous a annoncé son intention de faire les Beaux Arts.
Mme Olini : C’est formidable, un enfant si sensible, je suis certaine qu’il réussira, il semble tellement doué.
Mme Tler  : Tenez, justement, j’ai un de ses dessins sur moi, voulez-vous le voir ?
Mme Olini : Et comment… faites-voir.
Mme Tler  : Voilà.
On voit au loin une espèce de grosse bâtisse noire.
De la fumée  noire s’élève dans un ciel constellé de petites étoiles en forme de croix gammées. 
Un immense soleil rouge.
Des champs avec des fers barbelés.
En premier plan une voie de chemin de fer qui arrive à la bâtisse.
Mme Olini : Mais… c’est pas mal… oui… tiens ? C’est curieux, on dirait comme des usines… sûrement une fabrique sidérurgique, avec ses fumées…
Mme Tler  : Oui... oui, c’est vrai, ou alors une fabrique de jouets, mon Dodolf aime tellement tout ce qui est mécanique.
Mme Olini : Et… ces étoiles ? Curieux avec des rayons cassés ! Quelle imagination ! Je suis sûre que mon petit Benito aimera ce dessin.
Silence
Mme Olini : Et votre cousin, pardon, je veux dire votre mari, comment va-t-il ? Toujours dans les douanes ?
Mme Tler  : Oui, bien sûr, seulement parfois il est tellement occupé qu’il n’a pas le temps de surveiller Adolf, le pauvre chéri. J’ai l’impression que cela le traumatise un peu, et puis… à l’école…
Mme Olini : Ouiii ?
Mme Tler : On prend son père pour son grand-père, enfin… surtout ses petits camarades, cela m’attriste un peu.
Mme Olini : Allons Mme Tler, ne pleurez pas, après tout, vous n’avez que vingt-deux ans de moins que votre cousin, pardon, que votre mari, ce n’est pas si terrible.
Mme Tler  : Oui, mais mon chérubin, ça le gêne un peu, lui si jeune, la semaine dernière,  il nous a fait une fugue durant plusieurs heures, nous étions dans tous nos états. Vous vous rendez compte, si nous l’avions perdu, s’il avait été agressé par un malade, ou écrasé par une voiture.
Mme Olini : C’est vrai, votre foyer si calme, si harmonieux aurait basculé dans l’horreur, cela me donne des frissons, heureusement, votre petit Adolf est là, et bien là.
Mme Tler  : Vous êtes bien gentille Mme Olini. Je suis si fatiguée actuellement, j’ai comme l’impression qu’un mal me ronge de l’intérieur.
Mme Olini : Allez, ne vous tracassez pas Klara, ce n’est peut être rien.

Silence
Mme Tler  : Tiens ! Voilà Mme Taline.
Mme Olini : Bonjours Mme Taline, vous êtes seule ?
Mme Taline: Bonjour Mme Tler, bonjour Mme Olini, non,  mon petit Joseph est derrière moi, il a rencontré vos chérubins. Il est resté jouer avec eux.
Mme Tler  : C’est bien, au moins, avec Adolf et Benito il est en sécurité.
Mme Olini : Justement nous parlions  de nos enfants, de  leurs avenirs, Mme Taline, que désire faire votre si mignon Joseph ?
Mme Taline: Ne m’en parlez pas, figurez-vous qu’il veut entrer au séminaire.
Mme Tler et Mme Olini : Au séminaire ?
Mme Tler  : Quelle idée pour un enfant.
Mme Taline: Que voulez-vous, si ce chéri veut devenir prêtre, pope ou pape, pourquoi pas, en aucun cas je ne m’opposerai à ces généreuses pulsions chrétiennes, humanistes dirais-je même. 
Mme Tler  : Vous avez sûrement raison.
Mme Taline: Tiens, c’est comme le mien, il dit toujours en chantant : Je serai le Guide je serai le Guide…  un vrai Gésù ce petit.
Silence
Mme Taline: Oh !  Mais c’est joli ce dessin Mme Tler, faites voir, comme c’est curieux, mon Joseph avait fait à peu près le même il y a quelques temps, sauf qu’il avait mis beaucoup de blanc, vous voyez, comme de la neige, c’est amusant.
Mme Olini : Mesdames, vous avez des gamins vraiment doués, j’espère que mon  Benito suivra un jour la même voie, surtout le vôtre Mme Tler.
Mme Tler  : Wer weisst, qui sait… mais… où sont passés les enfants ?
Mme Taline: Là-bas, regardez-les, derrière les arbres, ils jouent, on dirait des anges.
Mme Tler et Mme Olini : C’est vrai.
Mme Tler  : Par contre je n’aime pas du tout quand la petite Anne vient jouer avec eux.
Mde Olini : La fille de Mme Ank ?
Mde Tler  : Oui.
Mde Taline: Mais… pourquoi ?
Mme Tler  : L’avez-vous  regardée avec son air vicieux, ses cheveux longs bouclés, noirs comme un corbeau, son grand nez, cette face livide, on dirait une sorcière,  elle fait peur à mon petit Adolf.
Mme Olini : C’est vrai  Mme Tler, un jour mon petit Benito est revenu en pleurs, cette garce avait voulu, de force…
Mme Tler  : … de force ?
Mme Olini : … oui, de force, lui donner à manger une espèce de gâteau roulé avec des noix, des coings… des pommes...
Mme Tler  : Pouah … toutes ces choses.
Mme Olini : … sotu… del ou strudel, je ne sais plus comment cela s’appelle... je suis certaine que les parents de cette Anne avaient voulu rendre malade mon pauvre petit.
Mme Taline: Quand même, vous exagérez.
Mme Tler  : Pas du tout Mme Taline, vous semblez bien naïve, il y a des individus très nocifs sur terre, tiens c’est comme ce petit Nelson avec sa face toute noire, ces cheveux crépus, ses grosses lèvres, on dirait le Diable en personne. 
Mme Olini : Le fils de Mme M’Dela ?
Mde Aline : Et bien ?
Mme Tler  : Et bien, et bien… Mme Taline... est-ce que vous trouvez normal qu’un être humain soit de cette couleur ?
Mme Taline: Je ne sais pas, vous avez peut-être raison, oui… c’est un peu vrai, sur nos Icônes, c’est très rare qu’un représentant de Dieu soit représenté tout noir.
Mme Tler  : Ah ! Vous voyez.
Mme Taline: Quand j’y pense, vous avez  sûrement raison. Mon petit Joseph dit qu’à l’école ce Nelson ne désire pas se mélanger  avec les autres élèves.
Mme Olini : Je confirme.
Mme Tler  : Il paraît que ce gosse, enfin si on peut appeler ce petit monstre un gosse,  il paraît qu’il ne parle que de liberté, il passe son temps à courir dans la campagne. À mon avis, ce garçon  n’est pas normal, il a horreur d’être enfermé ne serait-ce qu’une heure.
Mme Olini : Comme les animaux ?
Mme Tler  : Vous l’avez dit chère Mme Olini, comme les animaux.
Mme Olini : Ouf... heureusement, les nôtres sont plus… comment dire... plus normaux.
Mme Taline: Tout comme leurs nouveaux petits camarades de classe.
Mme Tler  : … quels gamins adorables ces petits Hassan, Bachar et Mouammar, polis, studieux, de vrais exemples.
Mme Taline: Il est amusant ce Mouammar, il a toujours une couverture avec lui.
Mme Olini : Tiens ? Et que fait-il avec ?
Mme Taline : Il est toujours fourré dessous en s’imaginant que c’est une tente pour recevoir ses camarades.
Mme Olini : Quelle idée ! Mais dites-moi, ce petit Bachar, son père, un violent paraît-il ?
Mme Tler  : C’est comme le pauvre Hassan, il paraît qu’enfant, il était battu, quelle honte.
Mme Taline: Les racontars… vous savez. 
Mde Tler  : Hier au marché, j’ai rencontré  leurs mamans. De biens belles femmes, chics, distinguées. Au moins nous sommes certaines que nos bambins sont en bonnes compagnies.
Silence

Mme Tler  : Ach, Mein Gott Je ne les vois plus, où sont-ils encore passés?
Mme Olini : Ne vous inquiétez pas, les voilà, regardez comme l’air pur leur fait du bien.
Mme Taline: Da Da ! Mais… dites donc Mme Tler qu’a fait votre Adolf ?
Mme Olini : Hi hi ! Il s’est dessiné une petite moustache sous le nez, qu’il est comique, un vrai clown. 
Mme Tler : Quel coquin, il a du trouver un morceau de charbon de bois et s’est  mis cette moustache pour amuser ses camarades. Ce garçon est tellement drôle que plus tard, vous verrez, il amusera plein d’enfants, je vous le prédis.
Mme Olini : Quelle chance quand même nous avons. La vie est si belle et pleine d’espoirs. Au fait, cela fait un moment que nous n’avons pas vu Mme Carmen Po Fran ?
Mme Tler : C'est vrai, tiens ? J’ai cru entendre qu’elle est alitée avec une pneumonie.
Mme Taline: La pauvre… bon, au revoir Mesdames.
Mme Tler  : Auf Wiedersehen. À demain.
Mme Olini : Au revoir Mesdames. Buona giornata.
Les trois mères partent chacune de leur côté.
Mme Tler oublie le beau dessin de son cher  petit Adolf.

FIN

1 commentaire:

  1. Comme disait ma grand-mère qui a connu la guerre: "Les enfants sont des anges petits, mais après..." :-)
    GROS BECS.

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michel.turquin31@orange.fr