Michel Turquin
Electro Trap
À la fac de médecine, ils sont quatre, mais tout comme dans le roman d'Alexandre Dumas, on les nomme : « les trois mousquetaires ». En cinquième année de médecine, ils partagent études, plaisirs, joies de vivre.
Ce jour là, au fond de la salle d’un bruyant café, attablés autour du casse croûte de midi, les discussions vont bon train.
Il y a la jolie mais obstinée Marie qui se destine à être gynécologue. À son côté, la grande Solange. Son but, la pédiatrie, particularité, une sérieuse attirance pour le garçon assis en face d’elle, Frédéric, dit Fred le distingué, meneur du groupe, curieux, qui passe son temps à disséquer tout se qu’il trouve. Cela va du moteur de la vieille voiture que ses parents lui ont acheté à l’oisillon mort trouvé dans le caniveau. Il souhaite suivre les traces de son père, un célèbre chirurgien spécialiste en reconstructions des visages dues, souvent, aux accidentés de la route. Il a un sérieux penchant pour la mignonne Marie avec qui il projette de partir en vacances en fin d’année scolaire.
Dans ce chassé-croisé amoureux, digne d’un roman shakespearien, il y a le rondouillard Marc qui, secrètement, est amoureux de Marie. Lui, simplement, désire s’installer comme médecin généraliste dans son Ariège natale….
Marie -« Quoi ? Répète ? »
Fred -« Voilà… partant d’études de certains enseignements ésotériques hindous, j’aimerais travailler sur certaines cellules du cœur, situées entre sa pointe et un ventricule, car, paraît-il, elles ont une mémoire propre, tout comme celles du cerveau. »
Solange -« Qu’est ce que tu racontes ? »
Marc -« J’ai lu pas mal de bouquins, jamais entendu une connerie pareille. »
Fred -« En tout cas, ce qui est sûr c’est que des personnes, juste après un accident, ont vu dérouler à l’envers leur vie à tout vitesse jusqu’à la naissance »
Marie d’un air amusé regarde Marc, Solange puis se retourne vers Fred.
- « Et… tu n’as rien trouvé de plus bizarre ? »
Fred -« Attendez, si des images défilent, peut être y a-t-il un lien entre le cerveau et ces cellules qui feraient comme une mémoire d’ordinateur. »
Marc - : « Tu as lu ça dans Tintin au Tibet ? »
Fred- : « Pas du tout, vrai ou pas, j’ai lu un article sur un gourou Oriental, mais également, sur des thèses évoqués dans le Shivaïsme Tantrique. »
Marie -« Bon, si tu le dis.... ta suggestion est intéressante, il faudrait quand même pouvoir la vérifier. »
Fred -« Justement, j’aimerais tenter une expérience. Problème numéro un, il me faut trouver un cobaye. »
Marc -« Tu délires Fred ? »
Fred -« Non, prenez-moi au sérieux un instant, il m’en faut un, frais si possible. »
Marc -« À la morgue, il n’y a pas plus frais je t’assure. »
Solange -« Ah ! Oui, et pourquoi pas le faire toi-même ton cobaye, un bon coup derrière la tête du premier venu, et hop ! Tu as ton coco Fred.»
Fred -« Arrête Solange, dites-moi si l’un d’entre vous connaît Jean, l’interne actuel, préposé à la morgue ? »
Marie -« Moi, j’ai pris une fois ou deux un café avec lui, nous avons sympathisé, mais sans plus, ceci dit, il est adorable. »
Marc, malicieux -« Marie aime sonder l’âme des buveurs de café froid ! »
Marie –« Que tu es bête Marc ! »
Fred -« Marie, je compte sur toi pour qu’il nous autorise à y pénétrer au moins un soir. »
***
Quelques jours après ils se retrouvent dans le même café.
Il y a Fred, Solange et Marc. Arrive Marie sourire aux lèvres, elle s’appuie sur le bord la table...
- « Bon… demain c’est le dernier dimanche du mois, en plein weekend de Pâques, les urgences travaillent aux maximum, Jean dit qu’en général il y a une bonne fournée de congelés »
Marc -« Une fournée, quel langage ? »
Fred -« Super Marie... et le meilleur moment pour… »
Marie -« … entre minuit et une heure du matin. »
Fred -« Parfait, si vous ne vous dégonflez pas, opération « Picard » dimanche soir, nous verrons si leurs théories s’avèrent exactes.»
Ils se font la bise, Marie rentre chez elle prendre un peu de repos. Les trois autres retournent bûcher leurs cours.
***
Une pièce froide totalement carrelée, lumière tamisée. Une grosse pendule marque minuit et cinq minutes. Le long d’un mur les emplacements où sont enfournés les cadavres arrivés récemment.
Nos « mousquetaires » se sont regroupés silencieusement près du préposé, le dénommé Jean.- « Voilà, sur la droite ce sont les derniers arrivants, je compte sur vous, surtout ne les abîmer pas. » se tournant vers Marie :
- « Tu me l’as promis, je risque gros, c’est bien pour toi que je fais ça.»
Marc, tout bas -«… C’est d’un romantisme … » Puis tout haut : -« Juré Jeannot, sur la tête de Marie. »
Solange -« Mon pauvre Marc ! »
Jean fait comme si il n’avait pas entendu -« Je vous laisse… mais pas plus d’une heure, deux grand maximum. » Il part.
***
Rapidement Fred attrape la poignée du premier tiroir réfrigéré. Un crissement sinistre. Le corps apparaît.
Fred -« Aidez-moi, Marc, Solange, nous allons le poser sur le billard. »
Le cadavre est installé, c’est celui d’un vieillard bedonnant. Marie recule d’un pas, s’appuie contre le mur.
Marc l’entourant par les hanches -« Ça va Marie, eh ! Ne tombe pas dans les pommes sinon je te mets dans le frigo, après du... bouche à bouche. »
Solange -« Fred, tu sais ce n’est pas très légal ce que nous faisons, nous devrions arrêter cette stupidité . »
Fred -« Ecoutez, je ne vous force en rien. Si vous voulez partir, moi je reste, vous êtes des froussards, je me débrouillerai bien tout seul. »
D’une grosse valise il commence à sortir tout un matériel : un écran d’ordinateur, un magnétoscope, des fils garnis de petites électrodes, de longues aiguilles très fines comme celles des acupuncteurs, une espèce de vieux casque en caoutchouc lui aussi avec des électrodes enfin, une boîte mystérieuse.
Fred -« Bon vous restez ou vous partez ? »
Les trois compères tout en bougonnant finissent par rester.
Avec minutie Fred coiffe le vieillard du casque, il agrafe des fils en différents endroits qu’il relie à l’écran de l’ordinateur. Il raccorde sa boîte mystérieuse entre le casque et l’écran.
Fred -« Solange, donne-moi une aiguille, tiens, la plus longue, passe de l’éther pour bien l’aseptiser. »
Marc avec ironie -« Tu as raison, on ne sait jamais, un microbe, une maladie et notre pépère crève. »
Haussement des épaules de Fred qui, avec un sans froid incroyable, enfonce la longue aiguille dans la chair, juste à la base du cœur.
Marie -« Fred, merde, on ne devait pas abîmer les cadavres… »
Fred -« Oh ! Arrête de faire ta mijaurée, si tu crois que le prochain toubib qui le tripotera verra quelque chose, il pensera que c’est un de ses collègues qui a fait une piqûre.»
Marie -« Quand même, on avait…. »
Marie n’a pas fini sa phrase que Fred a tourné un bouton de sa boîte mystérieuse, un grésillement se fait entendre, sur l’écran des lignes montent et descendent, des images se bousculent tout comme quand on regarde un kaléidoscope, puis soudain une image se fixe.
On ne voit que le visage d’une jeune femme.
Solange -« Fred ? Je n’arrive pas à y croire… mais… »
Fred commute une manette de la boîte, puis prenant l’aiguille, il la déplace légèrement. Sur l’écran l’image fixe s’anime. On se croirait au cinéma quand, pour augmenter le suspense, la caméra filme comme étant à la place de l’acteur. C’est clair, le vieil homme est couché sur une jeune femme qui s’agite.
Marc -« Hé… il baise le cochon. »
Fred -« Oui et il n’a pas choisi la plus moche on dirait. »
Soudain on voit la femme qui fronce les sourcils. Comme une pierre qui avance avec violence, le visage de la jeune femme tape sur ce qui semble être le regard de l’homme.»
Fred saute de joie, il prend par les épaules Solange. Il l’embrasse -« Je le savais, je le savais, j’ai réussi à voir les quelques moments d’une fin de vie. »
Solange se demande si c’est le baiser de Fred ou bien la réussite de l’expérience qui l’impressionne le plus.
Marie reste silencieuse.
Marc -« Infarctus ? »
Solange -« Belle mort, en plein ébats amoureux, la pauvre fille, ça à du lui faire un choc »
Marc -« La pauvre, la pauvre, elle devait sûrement savoir ce qu’elle faisait … »
Fred -« Bon, nous n’avons encore du temps, je veux en voir d’autres. »
Rapidement ils enlèvent tout l’attirail du vieillard, le nettoie, le replace dans son étroit tiroir.
Ils allongent sur le billard une jeune femme ayant une cicatrice sur le ventre. Fred pose tout l’équipement aidé cette fois-ci par ses acolytes qui ont compris la manœuvre. L’expérience commence avec plus de rapidité. Fred s’efforce de trouver le point névralgique du cœur. Au début les images sont floues puis deviennent plus claires.Tout à coup, le visage violacé d’un nouveau-né apparaît, bouche grande ouverte, laissant deviner le cri de délivrance du gluant nourrisson. En fond, de vagues visages. Le regard caméra de la femme semble chercher de tous côtés puis c’est le noir complet.
Solange -« C’est horrible, elle donne la vie à un enfant et la perd aussitôt à cause de lui… »
Marie -« J’espère ne pas avoir ce genre de drame quand j’exercerais »
Fred -« Ne perdons pas de temps, je tiens à tenter une autre expérience avant que Jean ne nous mette à la porte. »
Le troisième cadavre est celui d’un enfant d’une douzaine d’années. Cette fois-ci le moniteur montre par les yeux du gamin une chute vertigineuse. Le sol s’approche à grande vitesse puis comme toujours, le noir.
Marie regarde la fiche. -« Il est tombé d’un toit hier… si jeune. »
Solange -« Fred, je ne sais si nous devons te haïr ou te féliciter.»
Fred vers ses amis -« Je vous en prie, vous pouvez m’applaudir. »
Jean apparaît -«Dites donc, il se fait tard, s’il y a une ronde par un autre interne je crois que nous serons dans la mouise, allez, oust... »
Marie -« Merci Jean, nous partons de suite, tu es gentil de nous avoir laissé entrer »
Marc -« Bien sûr, bien sûr…»
Fred -« La ferme Marc, Jean, quand pourrons- nous revenir ? J’aimerais faire encore une ou deux expériences. »
Jean -« Ecoute c’est délicat, car je dois changer de service dans trois jours. »
Fred -« Demain soir, c’est Lundi, la fin du weekend prolongé, çà te va ? »
Jean -«Au contraire, il risque d’y avoir des arrivées, donc du remue-ménage… disons plutôt mardi soir, même heure, après je ne serai plus là. »
Marie -« Merci Jean tu es un amour. »
Marc -« On peut vous laisser si vous voulez ? »
Solange -« Et pourquoi pas, il est mignon ce garçon. »
Marc -« Alors là, si toi aussi tu t’en mêles !!! »
Rapidement ils quittent la morgue.
Fred -« Vivement mardi.»
Ils se dirigent vers la cafétéria
***
Mardi soir, tard dans la nuit, ils se retrouvent autour d’un cadavre .C’est celui d’un jeune homme. Une étiquette mentionne « Noyade accidentelle »
Solange à Fred -« Qu’est ce qu’on fait ? »
Fred -« Je veux voir si, comme l’autre jour, j’arrive à un résultat, mais plus rapidement. J’ai amélioré mon système. »
Marie soulève le drap -« Hé ! Pas mal le gars … »
Marc -« A quoi il te servirait maintenant ?Tu te gèlerais les fesses ma pauvre. »
Marie -« Tu sais il y a pas mal d’autres moyens pour se les réchauffer… »
Solange -« Ça suffit vous deux. »
Installation des appareils.
Fred -« Regardez. »
Les images sont plus nettes. On voit sur le moniteur des bulles, des algues, des bras qui s’agitent, puis on aperçoit un peu de ciel puis l’eau, puis le ciel et l’homme qui s’enfonce dans les profondeurs d’une eau saumâtre.
Solange -« Pas normal, il a du avoir un malaise. »
Fred -«Ne nous attardons pas, on le remet dans sa case… Allez au dernier, vite, aidez-moi. »
Le cadavre sorti est celui d’un homme d’environ quarante ans. Mise en place des appareils, mais au moment de commencer l’expérience apparaît Jean.
- « Stop, celui-là il ne faut pas le toucher. »
Fred -« Pourquoi ? »
Jean -« La direction nous a interdit de le sortir du tiroir. »
Marie -« Et... ? »
Jean -«… je risque de me faire engueuler, c’est le docteur Wisserman, il a été trouvé ratatiné hier dans la blanchisserie de l’hôpital. »
Marc -« Bon, il s’est tapé une jolie infirmière, et comme notre vieux Don Juan de l’autre jour, son palpitant a lâché, classique. »
Jean -«Non Marc, la première auscultation semble démontrer qu’il a été étouffé. »
Solange -« Etouffé ? »
Jean -« Oui, c’est la raison pour laquelle le directeur, en attendant la police, m’a demandé de bien veiller à ce qu’il ne soit pas sorti de son tiroir. »
Fred exalté -« Mais c’est super…regardez, pas de scellés… la place est libre… »
Jean -« Ce n’est pas une raison… »
Fred -«… nous allons savoir comment il a fini.»
Jean -« Arrête Fred… si on apprenait que j’ai transgressé les directives… »
Fred -« Directives de mes deux oui.»
D’un geste autoritaire il enfonce sa très longue aiguille dans la peau de l’homme juste à base du cœur.
D’un geste autoritaire il enfonce sa très longue aiguille dans la peau de l’homme juste à base du cœur.
Jean -« Fred, arrête. »
Trop tard, les images apparaissent.
Les images sont au départ désordonnées, il semble y avoir lutte. Puis c’est le visage d’un homme, les yeux mauvais, rictus aux lèvres, il tient quelque chose dans ses mains. Plus d’image… l’écran est gris blanchâtre… à nouveau le visage puis plus rien… noir.
Solange -« On dirait qu’il maintient quelque chose ? C'est...
Marc -.«... facile, dans une buanderie qu’y a- t' il ? »
Solange -« Des draps, des taies et… »
Marc -«... des scoubidous… mais non, de moelleux oreillers, notre mortibus à été tout simplement étouffé. »
Marie pousse un cri…-« Mais…je connais ce type… »
Solange -« Tu es sûre ? »
Marie -« … ce… ce visage ne m’est pas inconnu. »
Jean -« Bon, ça suffit maintenant, il est tard, il risque d’y avoir une ronde, cette fois ci, Fred, tu as été trop loin, range le gus, foutez le camp. »
Solange -« Nous voilà bien maintenant, qu’allons-nous faire ? »
Fred -« Je ne sais pas, je vais réfléchir, rendez-vous demain au troquet. »
La pendule marque deux heures et cinq minutes .Ils ont tout nettoyé, rangé.
Mystère à l’hôpital.
Quatre silhouettes dans la nuit froide marchent en silence.
***
Marie se dirige seule vers son petit studio. Soudain, comme une somnambule elle dévie de sa route. Un léger crachin sur la ville .Ses pas résonnent sur les pavés humides d’une ruelle piétonnière. : -« Je suis presque certaine que c’est lui…je me trompe peut-être…mais je veux en avoir le cœur net…Oui…oui…c’est ça, il y a un an à la fac, ce tordu qui nous donnait quelques cours….comment il s’appelait déjà…Moler ? Non Kobler?... Mulher, oui, c’est ça Mulher… »
Comme une automate elle dirige ses pas vers un groupe de grandes maisons bourgeoises du centre ville. -«… je l’ai déjà vu dans ce quartier… »
A un moment, il lui semble être suivie, guère tranquille, elle se retourne, attend, personne.
-« Faut que je me ressaisisse. » Elle continue son chemin .Toujours cette sensation d’une présence. De nombreuses plaques. Sur l’une d’elles, un nom : « Docteur Serge Mulher Psychiatre ». Son cœur bat la chamade.
-« Qu’est ce que je fais, putain...oui c’est lui…demain matin je viendrai vérifier. »
Elle entre dans le jardinet, fait quelques pas devant la façade. Elle n’arrive pas à partir.
Troublée, elle s’assoit un instant sur les marches qui mènent à l’imposante villa.
Une voix résonne au dessus de sa tête.
-« Que faites-vous là ? »
Elle se retourne, le docteur Mulher est juste à côté d’elle en robe de chambre, il tient une énorme canne à la main.
- « Heu… rien, enfin ... »
- « Comment rien ? Vous vous moquez de moi, cela fait un moment que je vous observe à tourner autour de ma maison ?
- « Rien je cherche quelqu’un ? »
Le docteur approche son visage vers celui de Marie.
- « Mais …je vous reconnais mademoiselle, vous assistiez à mes cours l’année dernière. »
Menaçant, le docteur Mulher lève sa canne …
- « Suivez-moi, restez tranquille sinon gare à vous.»
Comme Marie ne bouge pas il l’empoigne avec force par l’épaule et l’oblige à pénétrer dans la villa.
Marie se retrouve dans une entrée sinistre décorée d’objets hétéroclites.
- « Alors, vous allez me dire ce que vous êtes venue fouiner ici ? »
- « Mais… rien… »
- « Comment rien. » Il lève sa canne.
- « Je cherche le docteur Wisserman ? »
La réponse à peine émise, Marie se rend compte de son erreur. Son subconscient l’a trahi.
- « Mais qu’est ce qui m’a pris de dire ce nom, je suis folle. »
Trop tard, il fallait jouer serré.
-« C’ét… c’est mon… c’est mon assistant. Pourquoi ? »
- « Rien …pour rien, je me suis trompée… au revoir » . Elle commence à fuir en se dirigeant vers la porte de sortie.
Le docteur la rattrape violemment par le bras, la jette à terre, puis, à califourchon, la maintient fermement.
- « Pas si vite sale curieuse, tu en as trop dit maintenant, pourquoi es-tu ici ? »
- « Lâchez-moi… »
Avec force il la soulève, l’entraîne vers une chambre.
Marie hurle.
- « Crie ma jolie, personne ne t’entendra, il n’y a personne aux alentours. »
Une fois dans la chambre le docteur attrape un oreiller et lui plaque sur le visage.
Marie dans un dernier effort lui crie.
- « C’est comme ça que vous avez tué le docteur Wisserman ? »
- « Quoi ?...Petite garce, je ne sais pas comment tu peux savoir ça, mais je t’assure que tu ne sortiras pas d’ici vivante. »
Marie se débat, elle sent un objet sous sa main, c’est une statuette Africaine en bronze. Au hasard, elle, assène violemment un coup sur le crâne du docteur.
Le docteur Mulher s’écroule, du sang s’écoule de la tempe, il râle :
- « Ma femme…c’était son amant. »
La tête du docteur s’affaisse. Marie se redresse, épuisée elle s’évanouit.
Quand elle revient à elle, le corps de docteur Mulher se trouve à quelques mètres.
A quatre pattes Marie cherche son téléphone mobile. Elle fouille partout.
- «Punaise …mais où est-il ? »
Enfin elle le retrouve sous une grosse armoire. Comme Marc ne répond pas, elle laisse un message sur sa boîte vocale.
Marie appelle ses deux autres comparses.
Marie appelle ses deux autres comparses.
En plein sommeil Fred et Solange ne comprennent rien à son histoire. Solidarité oblige, rapidement, ils arrivent à l’adresse indiquée.
De derrière une haie Marc sort.
Solange -« Tiens Marc, tu es déjà là ? »
Ils pénètrent dans la vaste maison.
Marie très émue, tremblante, leur raconte brièvement ce qui s’est passé.
Fred, toujours gardant son sang froid.
- «Ne perdons pas notre temps, nettoyons tout…mais … »
Marc -« Quoi mais ? »
Solange -« Je n’aime pas beaucoup ton air Fred, qu’est ce que tu mijotes ?
Fred -« Je fonce chez moi chercher ma boîte. »
Marc -« Tu veux … »
Fred -« Bingo Marc, tu as deviné …une dernière expérience. »
Marie -« J’ai compris, tu veux savoir si le docteur Mulher a enregistré mon acte ? »
Fred -« Exact. »
Marc, nerveux - « Je ne suis pas d’accord, tu commences vraiment à dépasser les limites. »
Fred -« Avec ou sans ton accord mon petit vieux, je ferai cette dernière expérience. »
Fred part, Marc lui saute dessus.
Solange - Mais qu’est ce qui te prend Marc ? Jusqu’à présent tu trouvais intéressante la découverte de Fred … »
Solange et Marie les séparent.
Marc -« Et puis merde, fais là ton expérience. » Il se réfugie dans un coin de la pièce.
Marie -« Qu’est ce qu’il lui prend ? »
Une petite demi-heure après, Fred est de retour.
***
La manipulation est à nouveau tentée. Les images montrent bien Marie qui, effrayée, se débat avec acharnement, puis semble attraper un objet. Tout comme la scène avec le docteur Wisserman il y a des moments où le visage de Marie apparaît puis disparaît. Puis le visage de Marie s’éloigne au moment ou elle frappe. Enfin, moins distinctement, on la voit se pencher, elle écoute.
Marie, très pâle -« C’est quand il me confie son secret. »
Solange -« Quel secret ? »
Marie -« Je vous en parlerai plus tard, pour le moment je ne sais plus quoi penser. »
Il se passe quelque secondes. Grésillements. Fred commence à ranger son matériel. Sur le moniteur apparaît une ombre.
Fred -« Qu’est ce que c’est…? »
Solange -«… on dirait… »
On distingue un visage qui se penche sur le docteur Mulher. Un peu de gris puis le noir… plus d’image.
Marie -« Mais… c’est toi Marc… »
Fred -« Putain …que fais tu là ? »
Solange -« Explique-toi veux-tu ? »
Marc sort de son coin -«Voilà, en fait, je t’ai suivi Marie, j’avais un mauvais pressentiment quand tu as semblé reconnaître ce type… »
Fred à Marc -« Tu l’a suivie jusqu’ici…? »
Marc -« … oui, et quand j’ai vu le docteur Mulher entraîner Marie dans la villa, le bruit de la lutte , les cris, je me suis précipité… »
Solange -« Et alors… ? »
Marc -«… j’ai vu Marie évanouie et le docteur Mulher qui, lentement, revenait à lui, le regard si dur que, pris de panique, j’ai pris l’oreiller qui traînait à terre, sans réfléchir, je l’ai étouffé »
Marie -«Alors… je ne l’ai pas tué ? »
Marc -« Non, mais sans mon arrivée, ma vieille, je suis certain que tu passais l’arme à gauche. »
Marie, les larmes aux yeux -« Oh ! Marc... merci, merci. »
Elle se précipite dans les bras de Fred sous les regards surpris de Marc et Solange.
Fred -« Je comprends maintenant, mais ce n’est pas tout, il faut nous sauver. Avant, les amis, faisons en sorte de faire croire à un cambriolage qui a mal tourné. »
Solange -« Que vas-tu faire maintenant Fred ? »
Fred -«Je n’en sais rien, peut-être détruire cette maudite invention. Avec Marie nous partons quelques jours en Espagne, à notre retour je prendrai une décision. »
Solange, grimaçant -«… ah ! Bon… »
Marc serre les poings.
***
Ils nettoient tout ce qu’ils auraient pu toucher, vident quelques tiroirs, renversent des meubles et essuient chaque parcelle de l’appartement qui laisserait des empreintes.
Rapidement Fred remballe tout son matériel.
Tout en nettoyant, Solange aperçoit au sol une chaînette en or. Un coup d’œil derrière la médaille, un prénom, celui de Marie. Elle jette promptement la chaînette sous le lit.
***
Petit matin, quatre silhouettes regagnent leur domicile respectif.
Dans la villa du docteur Mulher, ronronnant, un chat vient se blottir près de son maître.
FIN
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