LA CONVOCATION
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Situation : Dans une forêt, Goyrans, proche de Toulouse.
Trois amis déambulent : Emilie, Aline et Théo.
Ils cherchent un de leurs amis, Max, qui les a convoqués.
(Sans didascalie)
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Emilie:Quelle idée de nous faire venir de Paris, cet endroit est joli, mais quand même.
Aline:Te plains pas, il nous a payé les billets d’avion, le taxi, je trouve qu’un peu d’air frais à la campagne ne peut que nous faire du bien.
Emilie:Quand même, Goyrans, ça ne fait pas sérieux, c’est d’un calme, j’ai pas l’habitude.
Théo: Ça, pour être calme, c’est calme.
Emilie:En plus avec le soir qui tombe, j’ai l’impression d’être dans un autre monde.
Théo:Je vous rappelle, Max est un enfant du pays, alors… les parisiennes, pas de vagues sur la région, hein ?
Emilie:Quel grincheux, ok pépé… d’accord… il se cache ou quoi ? Je regrette presque d’être là.
Aline:Ecoute Emilie, c’est notre ami, sa lettre ressemblait plus à une convocation qu’à une invitation.
Théo:C’est vrai, un peu étonnant du reste mais nous lui avons promis de venir ... et…pile poil, à la date indiquée.
Aline:Tiens le voilà… Max… c’est nous…houhou…
Emilie:Houhou…
Max:Enfin, ne vous voyant pas arriver, je commençais à douter de votre venue.
Théo:C’est beau la confiance !
Aline:Toujours vieux jeu, pas de téléphone portable pour te joindre ?
Max:Non.
Emile:On s’est perdus entre Toulouse et ton patelin...
Théo:Hum… Emilie… qu’est ce qu’on a dit.
Emilie:... et… le chauffeur de taxi, un rigolo, n’avait sa licence que depuis une semaine, tu vois le genre ? Et une tchatche, bouuuu…
Aline:Et puis ton croquis pour venir jusqu’ici… pas très clair, je t’assure.
Max:Vous êtes là, c’est le principal, avez-vous mangé ?
Aline:Oui, dans l’avion.
Emilie:Mangé ! Faut le dire vite.
Théo:Max ?
Max:Oui ?
Théo:Pourquoi ce mystère ? Notre présence ? Cette date ? Ce n’est pas pour dormir à la belle étoile ou faire du camping, je suppose ?
Emilie:J’ai horreur du camping.
Aline:Et moi des mystères… alors… Max ?
Max:D’abord, promettez-moi de ne pas prendre à la légère cet entretien.
Théo:Promis.
Max:Emilie, Aline ?
Emilie et Aline:Promis Max.
Max:Merci .Voilà…il m’arrive quelque chose de vraiment terrible… vous êtes les seuls à qui je peux me confier sans pour cela être ridiculisé.
Aline:Max, nous avons promis de t’écouter.
Emilie:Oui, dépêche-toi, il commence à faire frais, la nuit approche, depuis toute petite je n’ai jamais aimé le noir … surtout dans des endroits qui me sont inconnus.
Aline:Moi c’est pareil.
Théo:Taisez-vous les filles, laissez parler Max…continue vieux.
Max:Avant de continuer, je voudrais vous faire lire un article paru dans ce journal local, c’est daté du Dimanche 7 mars 2004.Trouvez un endroit pour vous asseoir, vous en aurez besoin.
Emilie: Ça commence bien…
Max:Aline… c’est en page centrale.
Aline:Ce qui est entouré ?
Max:Oui.
Aline:«Une toute jeune fille est retrouvée atrocement mutilée, violentée, dans la forêt de Bouconne, l’agression subie par la victime ressemble plus à une attaque de bête qu’a celle d’un être humain…
Emilie:C’est gai…où c’est Bouconne ?
Max:Tout près, continue …
Aline:… immédiatement de nombreuses recherches ont eu lieu mais, aucun indice, pour le moment, ne permet d’orienter la police sur une piste sérieuse. »
Emilie:La pauvre…
Emilie:La pauvre…
Théo:Bon… et alors ?
Max:Alors ?… l’auteur de ce crime monstrueux…c’est moi.
Emilie:Quoi ?
Aline:Tu rigoles.
Théo:Max, je sais, tu es un plaisantin, seulement là… tu dépasses les bornes.
Max:Hélas ! Non ... quelqu’un a un agenda ?
Aline:Moi, pourquoi ?
Max:Que constates-tu à la date du samedi 6 mars la veille de l’article et celle de ce 2 juillet ?
Aline:Rien … et puis, je ne vois plus grand-chose.
Max:Regarde attentivement, tiens prend ma lampe électrique.
Aline:…Max, à part mes rendez-vous, j’ai beau chercher, rien n’attire mon attention...
Théo:Fais voir ?
Aline:Voilà.
Théo: À ces dates… à ces dates… c’est… la pleine lune, c’est tout…c’est ça ?
Max:C’est ça, et… également le 5 avril, le 3 juin …
Théo:Oui… exact.
Aline:C’est tout ?
Emilie:Quel lien avec toi ?
Max:Le lien ? Depuis l’année dernière, suite à mon accident de moto où je suis resté une semaine dans un coma profond, vous vous souvenez ?
Théo:Oui.
Max:Et bien… après… à chacune de ces pleines lunes, bizarrement, quelque chose se trouble dans mon cerveau, je ne suis plus moi-même, je n’ai plus ma conscience, j’ai… comme des sifflements, il me faut, poussé par une violence intérieure, absolument agresser quelqu’un… en général ce sont des jeunes femmes… une fois… je crois…une enfant…
Emilie:Il croit ? Une enfant ? C’est terrible…partons, j’ai peur.
Aline:Emilie… calme-toi, un peu de sang froid s’il te plaît.
Théo:Mais… à chaque pleine lune comme tu dis, j’ai du mal à te croire, bon, as-tu agressé d’autres personnes jusqu’au…jusqu’au meurtre ?
Max:Oui… non…je ne sais plus. Parfois elles criaient tellement fort que des gens venaient à leurs secours…alors je fuyais sans savoir ce que j’avais vraiment fait… ou bien…
Théo:Ou bien ?
Max:Peut être n’a-t-on pas encore découvert les corps.
Emilie:C’est pas possible, je vais vomir.
Aline:Quel rapport avec nous aujourd’hui ?
Max:Voilà, ce 2 juillet 2004 la pleine lune a commencé à onze heures dix, vous pourrez vérifier dans des éphémérides astrologiques. Comme cette situation est un vrai cauchemar, j’aimerais que vous m’en délivriez .Cette malédiction est une horreur.
Aline:Ecoute, si ce que tu dis est vrai, je dis bien, si, pourquoi ne pas consulter un psy, ou un neurologue, nous allons tout faire pour t’aider, crois-moi…
Max:Non, non… une solution plus radicale s’impose.
Théo:Plus radicale ?
Emilie:T’emmener à l’asile par exemple ?
Aline:Emilie…
Théo:Max, qu’est ce que c’est que cette histoire à dormir debout… et puis… que caches-tu… là... dans ce sac à patates ? Que mijotes-tu ?
Max:Ceci …
Emilie:Un fusil ?
Max:Oui, et deux pistolets. Je veux que vous m’abattiez… attention, ils sont chargés et prêts à l’emploi.
Aline:T’abattre ? Tu es fou.
Emilie:J’ai froid…
Théo:Ma parole Max, tu te crois au cinéma ?
Max:Dépêchez-vous…le temps passe…
Emilie:Moi, je ne touche pas à ça.
Max:Je vous en supplie, je vous aurai prévenu…Haha ha… je… je co… commence à sentir des…des… craquements dans ma tête…vite Théo…vite tire…
Théo:Rien à faire, tu déconnes… Emilie…Aline… ne prenez pas ces armes.
Max:Tout s’embrouille… je… j’t’en prie…Théo … prends le fu… sil…
Emilie:Regardez, il se tord, j’ai peur…
Max:Ma tête…ah ! Ma tête...
Théo:Max… Max, ça suffit, c’est pas drôle.
Théo:Attention…
Aline:Qu’est ce qu’il fait ?
Emilie:Au secours, il m’a sauté dessus…il m’étrangle…Théooo…
Aline:Fais quelque chose Théo… il lui déchire ses vêtements…
Emilie:Aaaaline… il me mord… j’ai mal…
Aline:Attention Emilie…Théo, tire… mais tire donc ...
Théo:J’peux pas…
Aline:Tire.
Emilie:J’étouffe.
Aline:Tire, bon sang, mais tire.
Max:Ha… haaaa…
Aline:Tu l’as eu.
Emilie:Il… il… est mort.
Théo:Pauvre Max.
Aline:Qu’est ce qu’on va faire ? Pousse-toi Emilie… c’est fini… relève-toi.
Emilie:...Quelle trouille… mais quelle trouille ! Vous voyez j’avais raison de me méfier…
Aline:Oh ! Arrête.
Emilie:… regardez,une enveloppe sort de sa poche.
Théo:Donne.
Emilie:Il y a une lettre dedans, tiens.
Théo :Malgré cette maudite lune, je n’arrive pas à lire.
Aline:Attends… voici sa lampe électrique.
Théo:Je tremble tellement… lis toi.
Emilie:Quoi… qu’est ce qu’il y a ?
Aline:« Mes chers amis , à part l’horrible crime de la forêt de Bouconne ,qui ,malheureusement est un infect et réel fait divers , mais dont ,rassurez-vous , je ne suis pas l’auteur , mon accident , et cette soirée où la lune brille dans toute sa totalité , rien n’est vrai dans ce que je vous ai raconté….
Théo:Quoi ?
Emilie:Ça alors.
Aline:… ma soi-disante pulsion n’existe pas. Je vous ai joué la comédie, l’assaut que j’ai fs sur l’une de vous, Aline ou Emilie, je ne sais laquelle je choisirai, sera assez facile à jouer…
Emilie:Ça alors...
Alin:… en fait, je voulais pour de graves raisons personnelles mettre fin à mes jours. La vie, pour moi, depuis quelques temps n’a plus aucun sens, seulement, se suicider demande un vrai courage, je n’en ai pas, alors….
Théo:Je suis un assassin…
Aline:… vous avez été les instruments qui m’ont permis de quitter ce monde…
Théo:… un assassin.
Emilie:C’est dégueulasse.
Aline:… pardon, je ne sais le, ou laquelle, à eu le courage de tirer. Gardez bien cette lettre, elle vous servira dans les prochains jours comme justification auprès de la police et de la justice.
Max
PS : Etant né une nuit de pleine lune, je voulais quitter ce monde en sa compagnie.
Sous une lune blafarde trois ombres cherchent le chemin du retour
FIN
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