La voix de Lilly
Ce matin je me
décide à faire un peu de ménage: poussière des étagères,
aspirateur, décapage des éléments de la cuisine, rangement de la
penderie, triage dans les différents tiroirs du grand meuble du
salon.
En ouvrant l'un
d'entre-eux, sous mes yeux, parmi un tas d'objets hétéroclites, une
cassette sur la quelle est écrit:"Lilly".
Mon émotion est
grande car j'avais oublié son existence.
Pour un travail
personnel, il y a presque trente ans, j'avais interviewé
des proches parmi lesquels il y avait une jeune femme, Lilly, une
amie.
Les thèmes que nous
devions développer étaient la solitude, le malheur et le danger.
Ces sujets ont,
terrible hasard, par la suite égrené sa vie. Dans la trentaine,
Lilly avait été emportée par ce terrible fléaux qu'est le cancer,
crabe maléfique, laissant un mari et une fillette dans le désarroi.
De nombreux
souvenirs remontent, une petite larme coule.
Cet enregistrement,
je suis impatient de le réécouter, et, par la musique de sa voix,
elle me permettra de me faire revivre ces moments précieux où nous
abordions tellement d'histoires, de cas, d’événements, parfois
dans des échanges vifs, mais qui finissaient par de grands rires et
une bonne tasse de chocolat.
N'ayant plus de
matériels pour ce genre de cassette, je commence à désespérer.
Après quelques
minutes de réflexions, je me souviens que dans ma petite Ford KA
des années 2010 il y a un lecteur de cassettes, lecteur dont je ne
me suis jamais servi.
Je descend, me
dirige vers le parking, ouvre la portière, m'installe
confortablement.
Dix heures trente,
j’introduis la cassette dans la femelle fente bénie, elle est
avalée, j'enfonce la touche "démarrage".
Sifflement, un
curieux clac clac clac, un froissement, la perverse fente vomie le
ruban qui se tortille tel un asticot au bout d'un hameçon et se
casse en plusieurs endroits.
Je suis effondré,
peiné, à moins d'un miracle, je n'entendrai plus jamais la voix de
Lilly.
Le précieux
souvenir, sous mes yeux, vient de mourir entraînant avec elle, pour
toujours, un morceau de vie qui dormait dans le fouillis d'un
tiroir.
Je remontais à mon
appartement en me disant qu'il ne me restera plus, espérons le, que
mes rêves pour ressusciter cette amoureuse amitié.
M.T
Les objets ont une âme... la cassette a voulu que le souvenir soit plus beau que la réalité
RépondreSupprimerMerci Josette... bon week-end .
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